Validé par l’Union Européenne samedi 23 avril[1] dernier, le Digital Services Act contraindra, à partir du 1er janvier 2024, les réseaux sociaux et moteurs de recherche à censurer encore plus qu'ils le font actuellement, sous peine de lourdes amendes. Pourquoi l'Union Européenne entreprend-elle de restreindre la liberté d'expression et d’accroître la censure en ligne ?

Les députés européens, réunis en session plénière à Bruxelles ce 23 juin 2022, ont approuvé la prolongation d’un an du laissez-passer sanitaire européen par 453 voix pour, 119 contre et 19 abstentions. La Commission européenne, qui avait proposé en février dernier la prolongation [1], a sciemment ignoré les résultats d’une consultation des citoyens européens qui a réuni 385 124 contributions valides.

Jusqu’ici nous avons vu, comment l’Union européenne (UE) et ses institutions, en particulier la Commission européenne, s’ingèrent dans la formation de l’opinion publique via la construction propagandiste de dangers extérieurs – la Russie – et intérieurs – les « anti-vaxx » voire, au sens élargi, toute frange du peuple en désaccord avec son agenda. Dans cet épisode, nous revenons sur la communication sur la « Coopération renforcée contre les maladies à prévention vaccinale » de la Commission européenne,afin de montrer la griffe d’une des lobbyistes pharmaceutiques les plus influentes en Europe, voire au monde : Heidi Larson.

A l’épisode précédent nous avons vu qu’il y déjà quelques années que les institutions européennes œuvrent à la construction propagandiste d’un ennemi extérieur, en l’occurrence la Russie, qui sert à justifier sa politique de censure, qu’elles intitulent « lutte contre la désinformation ». C’est un exemple qui montre comment propagande et censure travaillent main dans la main. Mais la propagande et, in fine, la censure de l’UE ne visent pas qu’un ennemi extérieur, elles se retournent contre le peuple, en catégorisant comme danger intérieur, toujours, d’abord qu’une frange dissidente de la population. Déjà en 2018, la Commission Européenne identifiait l’hésitation vaccinale comme un danger, dans sa communication « Lutter contre la désinformation en ligne : une approche européenne» [1].

Ce n’est pas de censure dont nous allons parler principalement dans cette série, car la censure, dans ce cas-ci et en général, est trop flagrante, vulgaire et grossière. A tel point qu’il est parfois difficile d’en parler tellement son illégitimité est évidente. C’est d’ailleurs pourquoi beaucoup de censeurs s’en défendent d’office et sont les premiers à nier son existence. Non, c’est de son revers de médaille poli dont nous allons parler : la propagande, beaucoup plus sophistiquée et sournoise. Elle passe d’abord par la construction d’un ennemi extérieur. Sa cible de prédilection ? La Russie.

Début février 2022, Russia Today Deutsch (RT DE) a été interdit de télédiffusion, y compris sur internet, en Allemagne [1], pour une question soi-disant de formalité [2]. La réponse russe ne s’est pas fait attendre : la Deutsche Welle (DW), média de l’État allemand, a été à son tour interdite en Russie [3]. Et depuis le début de l’opération militaire russe en Ukraine le 24 février, survenue quelques jours après la censure de la chaîne Youtube de BAM! le 18 février [4], l’escalade a pris une tournure sans précédent : RT et Sputnik, les deux médias russes diffusés à l’étranger, ont carrément été interdits et censurés dans toute l’Union Européenne par un décret commissionnaire sans mandat le 27 février [5].

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