Un Ukrainien militant pour les droits fondamentaux assassiné à Madrid

Expiré
Europe
Typography
  • Smaller Small Medium Big Bigger
  • Default Helvetica Segoe Georgia Times

Assassinat en plein jour d’un avocat ukrainien militant pour les droits fondamentaux et opposant à Zelensky, tué par balles alors qu’il déposait ses enfants à l’école. Mais qui sont ces opposants ukrainiens dont on n’entend jamais parler ? Et pourquoi d’ailleurs n’entend‑on jamais parler des menaces et violences qu’ils subissent ? Ne faudrait‑il pas plutôt les écouter, les suivre et les soutenir ?

En suivant les commentaires d’opposants ukrainiens sur les réseaux sociaux, nous apprenions la mort violente en Espagne d’Andriy Portnov, avocat et militant pour les droits fondamentaux en Ukraine et opposant déclaré à Zelensky. Atteint par plusieurs balles dans le dos alors qu’il déposait ses enfants à l’école, il a été achevé d’une balle dans la tête après être tombé au sol, face contre terre[1][2].

Choqués par cet événement, nous avons rapidement constaté que la presse occidentale, s’exprimant d’une seule voix comme elle en a le secret depuis au moins la crise covid, était occupée à masquer la brutalité de cet assassinat politique en ressassant la litanie de reproches contre ce politicien que l’on peut imaginer : « pro‑russe », « sanctionné par l’UE », « anti‑Maïdan », « proche de Ianoukovitch », etc.

Personne dans les rédactions occidentales ne semble s’inquiéter du fait qu’en 2025 un État européen - l’Ukraine - a probablement fait assassiner un opposant en plein jour sur le territoire d’un autre État européen. La presse européenne est‑elle même capable de concevoir qu’il puisse y avoir un opposant en Ukraine, ou cela sort‑il totalement de sa fenêtre d’Overton ? Essayons d’élargir quelque peu cette fenêtre en éclairant ceux dont l’existence est trop souvent passée sous silence chez nous.

L’opposition ukrainienne menacée de violence physique

Andriy Portnov faisait partie de ces opposants en exil au régime de Zelensky, qui se disent menacés[3]. Parmi ceux‑ci on peut citer Anatolij Sharij[4] et Diana Panchenko[5]. On a pu constater la semaine dernière que ce sentiment de menace n’est pas une illusion. Des menaces qui sont parfois proférées ouvertement, notamment sur les réseaux sociaux. On peut aussi relever que ces opposants figurent sur le site « Myrotvorets[6] » qui désigne depuis 2014 les ennemis à abattre de l’Ukraine.

Un site où a figuré notamment Daria Douguina, la fille du polémiste russe Alexandre Douguine, assassinée en août 2022[7]. Mais aussi Oles Bouzina[8], un journaliste ukrainien qui critiquait le gouvernement post‑Maïdan, abattu le 16 avril 2015 devant son domicile à Kiev par deux assaillants masqués, un assassinat attribué à des groupes nationalistes ukrainiens. Ainsi que Serhiy Sukhobok[9], assassiné en avril 2015 à Kiev dans des circonstances similaires.

À part ceux victimes de violences physiques, il faut encore relever les journalistes arrêtés pour « trahison », « pacifisme » ou « propagande ». Comme par exemple Ruslan Kotsaba[10][11], journaliste pacifiste qui appelait à boycotter la mobilisation militaire, qui fut arrêté en 2015 puis 2022, Vasyl Muravitsky[12][13], journaliste qui critiquait le gouvernement post‑2014 et fut arrêté en 2017 puis emprisonné durant deux ans, Olena Boyko[14], qui critiquait les positions anti‑russes du gouvernement et fut expulsée vers la Russie en 2018 pour « propagande », mais aussi Yuriy Tkachev[15][16], rédacteur en chef d’un journal de gauche réputé à Odessa, qui critiquait la censure médiatique et qui fut arrêté en 2022.

On peut aussi encore relever le cas d’Oleksiy Arestovytch, ancien conseiller proche de Zelensky et récemment devenu critique du régime, qui a lui aussi fait état de menaces reçues[17].

Anatolij Sharij, opposant ukrainien en exil qui avait été proche de Portnov, a partagé les menaces qu’il a reçues sur les réseaux sociaux[18]. Est‑il l’une des prochaines cibles du régime de Zelensky?

Une longue liste d’opposants menacés ou exécutés

Mis à part les journalistes, on peut encore citer le cas de Denys Kireyev[19][20], banquier ukrainien qui participait aux négociations avec la Russie côté ukrainien en 2022, abattu « par erreur » d’une balle dans la tête à Kiev en avril 2022 par les services secrets ukrainiens[21]. Ou l’ancien maire de Kherson, Volodymyr Soldo[22], accusé de trahison et empoisonné en 2022, Kirill Stremousov[23], l’ancien vice‑gouverneur de Kherson, mort en 2022 dans un « accident » suspect, ou encore Dmytro Savluchenko[24][25], fonctionnaire toujours à Kherson, assassiné lui‑aussi en 2022.

La liste est longue ! Oleh Kalashnikov[26], un politicien de l’administration précédente, a été assassiné à Kiev en 2015. Evgeny Zhilin[27], un politicien de Kharkhiv prônant le rapprochement avec la Russie, a lui aussi été tué par balle en 2016. Oleg Tsarev[28], politicien prônant l’amitié avec la Russie, menacé en 2022 et contraint à l’exil. Son frère Mikhail[29], condamné en 2022 à 5 ans de prison pour « terrorisme ». Mais aussi Olenah Lukash[30], Viktor Medvedchuk[31], etc.

On peut encore aussi citer Valentina Semenyuk‑Samsonenko[32], ex‑députée socialiste critique du virage pro‑occidental en Ukraine, assassinée en 2014, mais aussi Vadim Papura[33][34], Andrei Brazhevsky[35] et une cinquantaine d’autres militants de gauche opposés au nouveau régime, tués dans l’incendie de la Maison des Syndicats d’Odessa le 2 mai 2014[36][37]. Ainsi qu’Alexander et Mikhail Kononovich[38], deux frères, militants de gauche qui dénonçaient Zelensky, arrêtés en 2022 et qui auraient été torturés en détention.

Il ne faut pas non plus oublier Alexander Karevin[39], cet ancien historien qui critiquait les politiques gouvernementales de Zelensky, « disparu » en 2022 après une visite des services secrets ukrainiens. Six activistes du groupe « patriotes pour la vie » plaidant pour le retour de bonnes relations avec le voisin russe, tués en 2022 à Severodonetsk[40]. Vladimir Dorogokupets, militant anti‑Maïdan arrêté et emprisonné en 2014 et 2017. Alexander Kushnarev, père d’une victime de l’incendie d’Odessa, arrêté en 2017. Olena Berezhnaya[41], avocate militante des droits humains, arrêtée en 2022 pour « trahison » et qui elle aussi aurait été victime de violences en détention.

Des prêtres et des églises pris pour cible

Comment parler de la répression des opposants en Ukraine sans rappeler les nombreuses agressions, arrestations, menaces et humiliations subies depuis 2014 par les représentants religieux de l’église orthodoxe ukrainienne qui dépend du patriarcat de Moscou et qui était majoritaire jusqu’à l’avènement du régime pro‑occidental ukrainien actuel, comptant environ 12.000 paroisses et plus de dix millions de fidèles[42][43] ? Les pressions s’intensifient encore jour après jour puisqu’une loi interdisant purement et simplement cette institution à l’histoire millénaire a été promulguée en 2024, qui entre en vigueur ce mois de mai 2025[44].

On peut en particulier citer le cas du Métropolite Pavlo[45][46][47][48], supérieur de la Laure des Grottes de Kiev, parmi les plus anciens monastères de la tradition orthodoxe russe, qui a été perquisitionné par les services secrets ukrainiens en 2023 et soumis à des restrictions sévères après avoir été accusé d’être « pro‑russe ». L’accès au site en lui‑même, l’un des centres spirituels orthodoxes russes les plus importants au monde, est passé sous le contrôle du gouvernement et a été restreint.

image3

Fin 2023, le dirigeant ukrainien n’a pas eu peur d’organiser un dîner avec ses milices en plein coeur du monastère des Laures de Kiev[49][50], qui est l’un des lieux les plus saints du christianisme russe.

En octobre 2024, le Métropolite Theodosius a quant à lui subi une commotion cérébrale et une brûlure de la cornée lors d’une attaque de la cathédrale Saint‑Michel de Charkasy où il officiait[51][52][53][54]. Plusieurs fidèles ainsi qu’un moine de la cathédrale ont aussi été battus par des radicaux ukrainiens soutenus par les autorités. En décembre 2024, l’archiprêtre Ioann Rozman, secrétaire du diocèse de Khust[55], a été enlevé et aurait été victime de violences en détention.

A Kherson, en novembre 2022, suite à l’évacuation de la ville par les forces russes, plusieurs prêtres y ont été accusés de « collaboration » par les services secrets ukrainiens et arrêtés. De nombreux autres habitants de cette ville, appelés « collaborateurs », ont aussi été victimes de violence, arrêtés ou ont disparus[56].

Enfin dès 2021, plusieurs prêtres de l’église orthodoxe ukrainienne ont été arrêtés à Kiev et Sievierodonetsk après avoir été accusés d’activités « pro‑russes ». Au total depuis 2014, selon les services de sécurité ukrainiens, ce sont plus de 100 prêtres qui ont été poursuivis pour « trahison », « collaboration » et autres accusations similaires. De très nombreuses églises et monastères ont été vandalisés, incendiés ou saisis. Depuis 2018 et la création d’une église « autocéphale » ukrainienne, ce sont aussi des centaines de paroisses qui ont été saisies, souvent avec des blocages d’accès pour les fidèles. Il y a eu de très nombreux affrontements entre fidèles et forces de l’ordre ukrainiennes lors de ces coups de force[57][58].

L’un des cas les plus récents, en mai 2025, concerne une église de Chernivtsi, qui a été vandalisée, avec du sang de porc versé sur les portes et des fidèles battus par la police lors d’une tentative de saisie par les forces gouvernementales[59].

« Pro‑russe » un qualificatif qui fait perdre la dignité humaine ?

Or, non seulement la presse occidentale choisit de ne pas relayer ces actes de brutalité du régime de Zelensky contre les habitants de la partie russophone de l’Ukraine, mais elle semble aujourd’hui considérer comme acceptable qu’un homme soit exécuté en plein jour au sein même de l’UE, dès lors qu’il a été estampillé « pro‑russe ». Ce qualificatif, devenu une étiquette disqualifiante, semble suffire à ôter toute légitimité à une personne, voire à rendre la violence à son encontre socialement tolérable.

Mais que signifie réellement être « pro‑russe » en Ukraine ? Parle‑t-on ici de culture, de langue ou de géopolitique ? En 2014, près de la moitié des citoyens ukrainiens étaient russophones, et plus de 90 % à Kiev. Si on appliquait cette logique à la Belgique, en imaginant une situation similaire, où des nationalistes flamands prendraient le pouvoir à Bruxelles, interdiraient l'usage du français, et entreprendraient de « reconquérir » militairement le sud du pays, à partir de quel moment les francophones habitant cette région seraient‑ils considérés comme « pro‑français » ?

Et si, en Europe, être « pro‑russe » est un crime implicite, alors être « anti‑russe » est‑il devenu une vertu ? Faudrait‑il désormais perdre son droit à la parole — voire à la vie — parce qu’on souhaite le dialogue avec un voisin ? Et au contraire, être valorisé dès lors qu’on adopte une posture de confrontation, voire d’hostilité ouverte ? A quel autre moment de l’histoire récente a‑t-on déjà vécu une hostilité similaire envers notre grand voisin oriental, et comment cela s’est‑il terminé ?

Outre le fait qu’on aurait du mal à considérer si facilement tous les opposants à Zelensky comme des « pro‑russes », ne faudrait‑il pas plutôt accepter que, si certains Européens souhaitent avant tout cultiver les relations avec leurs excellents amis outre‑Atlantique, bien connus pour être très honnêtes, très fiables et très enclins au développement réciproque, d’autres préfèrent, pour des raisons qui les regardent, développer des relations d’amitié avec d’autres partenaires ?

Faut‑il vraiment, en Europe aujourd’hui, considérer comme normal l'exécution de celui qui aurait une perception différente des vertus comparées de partenaires potentiels, aux niveaux économique, culturel, voire stratégique ? Ce meurtre choquant ne l’est‑il pas encore davantage par l’indifférence, voire la complaisance, avec laquelle il est accueilli par l’intelligentsia européenne ? Si cet assassinat révèle une dérive inquiétante du pouvoir ukrainien, la réaction de nos élites médiatiques et politiques n’en dit‑elle pas autant à leur sujet ?

Par Nicolas Mertens, journaliste citoyen pour BAM!


Illustration de BAM!

[1] Un ex‑député ukrainien, proche de la Russie, tué par balles en Espagne: "Plusieurs personnes lui ont tiré dans le dos" | RTL Info

[2] https://x.com/anatoliisharii/status/1925144073205137643

[3] https://x.com/anatoliisharii/status/1925227996077752645

[4] https://x.com/anatoliisharii/status/1891891508900434399

[5] https://x.com/Panchenko_X/status/1793996165765034457

[6] https://myrotvorets.center/

[7] Assassinat de Daria Douguina : l’Ukraine pointée du doigt par les États‑Unis

[8] France 24: Le journaliste pro‑russe Oles Bouzina assassiné par balles à Kiev

[9] Murders of two journalists, ex‑lawmaker spook Kyiv

[10] Un journaliste ukrainien en prison depuis un an pour délit d’opinion | Ojim.fr

[11] Mediapart: Sauvons le refusnik Ruslan qui refuse d'aller tuer dans le Donbass

[12] Ukraine : Il faut abandonner toutes les charges retenues contre le journaliste Vassyl Mouravytski et le libérer - Amnesty International Belgique

[13] Vasily Muravitsky - Committee to Protect Journalists

[14] Ukraine Detains 'Pro‑Separatist' Journalist After Deportation From Russia

[15] La police secrète ukrainienne traque les opposants - EX Front Syndical de Classe

[16] Révolution - Ukraine : le gouvernement Zelensky utilise la guerre pour justifier la répression politique

[17] Arestovych on X: "- The murder of Andrеy Portnov is 99% likely Zelensky preparing for elections. Threats of murder from Telegram channels associated in Ukraine with the Office of the President, immediately directed at me and Anatoliy Shariy, and a possible threat to Oleksiy Honcharenko, reveal" / X

[18] https://x.com/anatoliisharii/status/1925255321359909355

[19] Le mystérieux décès d’un négociateur ukrainien

[20] Un négociateur ukrainien aurait été tué pour haute trahison

[21] Ukraine's SBU Responsible For Killing Of Banker Who Was Conduit For Russian Intelligence, Says Intel Chief

[22] Poisoning of Kherson senior official with chemical warfare agents being probed - Russia - TASS

[23] Guerre en Ukraine: un haut responsable pro‑russe de Kherson mort dans des circonstances troubles

[24] La vie est dangereuse pour les Ukrainiens qui collaborent avec les Russes

[25] Guerre en Ukraine : ces mystérieuses morts de fonctionnaires prorusses dans les territoires conquis par Moscou - Le Parisien

[26] Deux assassinats politiques en Ukraine en moins de 24h | Euronews

[27] Prominent Ukrainian separatist killed in Moscow | AP News

[28] Former Ukrainian parliament member Tsarev in grave condition after assassination attempt - Emergencies - TASS

[29] Les opposants idéologiques au gouvernement actuel en Ukraine attendent la prison ou la mort – Histoire et société

[30] Ukraine's Ex‑Justice Minister Lukash Arrested On Corruption Charges

[31] L'Ukraine annonce avoir arrêté l'oligarque Viktor Medvedtchouk, un proche de Vladimir Poutine

[32] https://en.interfax.com.ua/news/general/225806.html

[33] En mai 2014 Vadim Papura était assassiné par la junte fasciste de Kiev ... dans la maison des syndicats à ODESSA

[34] En mémoire de la tragédie survenue à Odessa le 2 mai 2014

[35] Ukraine Elena Radzikovskaïa, en quête de la vérité sur la mort de son fils - L'Humanité

[36] Odessa, 2 mai 2014 : un massacre occulté | Arrêt sur Info

[37] Odessa, un an après le drame du 2 mai

[38] Campagne pour la libération des frères Kononovich en Ukraine

[39] Ideological opponents of the Ukrainian government are waiting for prison or death - World Socialist Web Site

[40] Les opposants idéologiques au gouvernement actuel en Ukraine attendent la prison ou la mort – Histoire et société

[41] Militante ukrainienne des droits de l'homme: «Tout le monde a peur»

[42] Anger grows over Ukraine's largest Orthodox church, aligned with Moscow despite war

[43] SPECIFICS OF RELIGIOUS AND CHURCH SELF‑DETERMINATION OF CITIZENS OF UKRAINE: TRENDS 2000‑2021

[44] Les églises orthodoxes fidèles au patriarcat de Moscou sont interdites en Ukraine | TV5MONDE

[45] Le métropolite Pavlo, à la tête d'un célèbre monastère de Kiev, assigné à résidence: “Ils disent que je soutiens l’agression de la Russie” | Monde | 7sur7.be

[46] Le supérieur de la Laure des Grottes de Kiev placé en détention – Portail catholique suisse

[47] Expulsion à Kiev: les moines décidés à rester, des fidèles dénoncent une injustice – L'Express

[48] Tension autour d’un monastère de Kiev menacé d’expulsion pour ses liens avec Moscou - RTBF Actus

[49] Zelensky hosts "military breakfast" in Kyiv Lavra's Refectory Church - News

[50] Tags - news of Orthodoxy - the Union of Orthodox Journalists

[51] Metropolitan Of Cherkassy To Pat. Bartholomew: "We Are Suffering Because Of Your Actions!! (EN‑GR) - Helleniscope

[52] Le métropolite Théodose de Tcherkassy au patriarche Bartholomée : « Faîtes cesser l’iniquité sur la terre ukrainienne ! » - Orthodoxie.com

[53] Metropolitan Theodosius of Cherkasy and Kaniv Initiates Human Rights Group for Defending UOC Rights - Orthodoxy Cognate PAGE

[54] Metropolitan Feodosii of Cherkasy and Kaniv addressed the UN Human Rights Counci

[55] TRC takes UOC secretary of Khust Eparchy to an unknown location (UPDATE) - News

[56] Propagande et réalités de la liberté ukrainienne | Le Club

[57] https://x.com/TuckerCarlson/status/1925959948250267892

[58] Kiev interdit l'église orthodoxe ukrainienne liée au patriarcat de Moscou : "C'est un bras du pouvoir russe" - La Libre

[59] https://x.com/Panchenko_X/status/1927100493609722313

.system-unpublished, tr.system-unpublished { background: #fff!important; border-top: 4px solid #fff!important; border-bottom: 4px solid #fff!important; } .bg-warning { background-color: #fcf8e3; display: none!important; }