Une nouvelle étude internationale pluridisciplinaire, réalisée par 35 chercheurs et revue par les pairs, offre une lecture critique de la gestion de la pandémie. Publiée dans l’International Journal of Public Health, revue scientifique affiliée à la prestigieuse Swiss School of Public Health, elle dénonce une dépendance excessive aux modèles prédictifs, une évaluation biaisée des mesures sanitaires, ainsi que la marginalisation de perspectives scientifiques discordantes. Ce travail appelle à repenser en profondeur la gouvernance sanitaire en temps de crise, à l’heure où des cadres juridiques permanents — comme la « loi pandémie » en Belgique — ou l’Accord international sur les pandémies de l’OMS, entérinent précisément les dérives que cette étude dénonce.
Une dépendance excessive aux modèles prédictifs
Dès les premières semaines de 2020, des modèles épidémiologiques alarmants ont justifié l’adoption d’interventions sans précédent : confinements, fermetures d’écoles, restrictions de circulation. Pourtant, ces projections étaient souvent fondées sur des hypothèses simplificatrices, dérivant de modèles peu adaptés à la complexité des comportements humains ou à l’hétérogénéité immunitaire. Le problème n’était pas l’utilisation de modèles, mais leur survalorisation sans validation empirique, ni réajustement en fonction de l’observation réelle. Les scénarios les plus alarmistes ont éclipsé les prévisions plus nuancées, créant un climat anxiogène ayant pesé lourd sur les choix politiques.
Entre précipitation et dogmatisme
La plupart des pays ont copié les mesures de leurs voisins : confinement généralisé, fermeture des commerces, port du masque obligatoire. Pourtant, ces méthodes avaient été jugées peu probantes dans les plans pandémiques préexistants. Peu d’évaluations réelles ont été menées pendant la crise pour mesurer leur efficacité. De nombreuses études ont ensuite montré que les vagues épidémiques suivaient des cycles largement indépendants de la sévérité des mesures. Les coûts sociaux, éducatifs, économiques et sanitaires de ces interventions ont été massifs, aggravant les inégalités et laissant des séquelles profondes, notamment chez les jeunes et les populations vulnérables. Les conséquences à long terme sur la santé publique globale ont été trop souvent ignorées au profit d’une logique à court terme focalisée sur le virus seul.
Un traitement différencié et asymétrique des solutions pharmaceutiques
L’autre grande lacune fut l’évaluation biaisée des traitements. Tandis que les vaccins à ARN messager ont bénéficié d’un soutien politique et médiatique sans précédent, les traitements à base de médicaments repositionnés, bon marché et bien connus, comme l’ivermectine ou l’hydroxychloroquine, ont fait l’objet d’une hostilité marquée. Le débat scientifique autour de leur efficacité a été rapidement étouffé, et les praticiens souhaitant les utiliser ont parfois subi des pressions ou des sanctions. Pourtant, plusieurs de ces traitements présentaient un profil de sécurité bien connu et méritaient au moins une évaluation honnête. Ce deux poids deux mesures a fragilisé la confiance du public et porté atteinte au principe de neutralité scientifique.
Les vaccins à ARN messager ont été autorisés à la hâte dans le cadre de procédures d’émergence exceptionnelles, réservées aux situations sans traitement alternatif. La reconnaissance officielle d’un traitement efficace aurait juridiquement empêché ou retardé leur mise sur le marché en urgence. Cette réalité réglementaire explique en partie le rejet systématique des traitements et la communication très orientée en faveur de la vaccination.
Une science réduite au silence au nom du consensus
L’étiquette de "désinformation" a trop souvent servi à écarter des opinions pourtant scientifiques, mais simplement divergentes. Des médecins, chercheurs, universitaires ont été censurés ou disqualifiés, non pour des erreurs, mais pour avoir osé questionner les mesures dominantes. Ce climat de peur intellectuelle a altéré le débat scientifique et empêché une évaluation sereine et pluraliste de la situation. En même temps, les conflits d’intérêts dans certaines instances d'expertise ont été rarement questionnés, alimentant la suspicion.
Pour une nouvelle culture de la santé publique
La gestion de la crise COVID‑19 a révélé les failles d’une gouvernance trop centralisée, technocratique et cloisonnée. Il est urgent de redonner leur place à la transparence, au doute, au pluralisme disciplinaire et à l’évaluation rigoureuse. Cela suppose aussi de ne pas refaire les erreurs passées : confondre prudence et autorité, science et communication, urgence et panique. Une véritable politique de santé publique ne peut faire l’impasse sur l’éthique, le respect des droits et une vision globale du bien-être humain. C’est à cette condition que les sociétés pourront affronter les pandémies futures avec discernement et cohérence.
Une gouvernance en contradiction avec les enseignements scientifiques
En Belgique, la « loi pandémie » de 2021, censée encadrer juridiquement les futures situations d’urgence épidémique, s’inscrit dans une logique centralisée et technocratique que cette étude remet fondamentalement en question. Alors que cette dernière plaide pour une gouvernance pluraliste, transparente et continuellement évaluée, la loi belge confère un pouvoir quasi absolu à l’exécutif, sans garantir ni débat interdisciplinaire, ni contrôle démocratique[1].
De la même manière, l'accord international sur les pandémies récemment adopté par l'Organisation mondiale de la santé tend à institutionnaliser ces mêmes dérives. Une orientation qui, si elle semble parfaitement convenir aux firmes pharmaceutiques et à certains acteurs technocratiques, ne répond en rien aux attentes démocratiques ni à l’intérêt des citoyens.
Retrouver l’étude complète:
What Lessons can Be Learned From the Management of the COVID‑19 Pandemic?
BAM detox
[1] Carte blanche: la loi «pandémie» ne permettra pas de sortir de la «sidération politique» - Le Soir