Initialement suspendu pour deux ans, le docteur Alain Colignon a été acquitté pour le fond mais sanctionné pour la forme. Dénonçant une atteinte à la liberté d’expression médicale, Il entend porter l’affaire en cassation. Outre son cas personnel, il interpelle l’Ordre des Médecins sur ses pratiques et appelle à une réforme en profondeur.
Une sanction annulée pour vice de procédure
Le docteur Alain Colignon avait été condamné à deux ans de suspension par le Conseil provincial du Hainaut, pour des propos jugés contraires à la dignité médicale. Cette décision a toutefois été annulée en raison d’un vice de procédure : la composition du siège était irrégulière. Saisi par Benoît Dejemeppe, président du Conseil national, la Cour de cassation a ordonné un nouvel appel devant la même juridiction, mais autrement composée. Celui‑ci a réduit la sanction à deux mois, considérant que les propos du praticien relevaient de la liberté d’expression sur des sujets d’intérêt général, tout en lui reprochant leur virulence. Le Dr Colignon conteste cette décision, qu’il juge contradictoire, et annonce un pourvoi en cassation.
Appel favorable, mais contesté
Le Conseil d’appel a rendu son arrêt: La suspension a été réduite à deux mois. Dans sa motivation, le Conseil distingue judicieusement deux plans : le fond et la forme. Sur le fond, il reconnaît que les critiques formulées par le Dr Colignon sur la gestion de la pandémie, notamment à propos des traitements, relèvent de la liberté d’expression sur des questions d’intérêt général. En revanche, sur la forme, le Conseil estime que le ton utilisé, jugé injurieux et personnellement dirigé contre plusieurs confrères et membres de l’Ordre, constitue une infraction déontologique.
Le Dr Colignon, considérant que la forme ne peut être détachée du fond sans restreindre la liberté d’expression elle‑même, a annoncé son intention de se pourvoir en cassation contre cette nouvelle décision. Il reste incertain à ce stade si Benoît Dejemeppe, de son côté, décidera de former un pourvoi en cassation contre cette décision.
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Critique de la gouvernance de l’Ordre
Cette démarche s’inscrit dans un combat plus large, qu’il formule dans une lettre ouverte adressée le 27 mai 2025 à Benoît Dejemeppe. Il y dénonce le refus persistant de l’Ordre d’ouvrir un débat sur l’éthique des décisions prises pendant la pandémie, et sur les liens d’intérêt entre certains experts médicaux belges et l’industrie pharmaceutique. Il y évoque notamment le cas du Dr Nicolas Dauby, qu’il accuse d’avoir joué un rôle‑clé dans la stratégie officielle tout en étant lié à des institutions partiellement financées par des laboratoires privés. Deux articles d’enquête publiés par BAM! viennent éclairer ces accusations : l’un, intitulé « Un expert indépendant ? »[1], retrace les liens entre l’Institut d’Immunologie Médicale (où travaille le Dr Dauby), l’ULB, GSK et la Fondation Gates. L’autre, « Le Dr Colignon dépose plainte contre le Dr Dauby »[2], relate le dépôt d’une plainte officielle, toujours en cours d’examen.
Dans sa lettre, Colignon fait également référence à deux publications scientifiques qu’il juge centrales pour comprendre ses prises de position : l’une publiée en 2020 par le Dr Dauby lui‑même dans International Journal of Antimicrobial Agents[3], l’autre en 2022 par Valère Lounnas, dans le revue universitaire américaine ScholarWorks[4]. Ces études, selon lui, démontrent que certains traitements précoces ont été écartés à tort, au détriment des patients.
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Outre le débat disciplinaire, le Dr Colignon appelle donc à une réforme profonde de l’Ordre des Médecins, qu’il accuse de conflits d’intérêts, d’absence de transparence et de compromission institutionnelle. Il plaide pour un Ordre recentré sur sa mission première : garantir une médecine fidèle à ses principes éthiques essentiels, à l’abri des influences extérieures et au service de l’intérêt des patients.
Marcan pour BAM!
[1] BAM! News - Un expert indépendant ?
[2] Le Dr Colignon dépose plainte contre le Dr Dauby
[3] Low‑dose hydroxychloroquine therapy and mortality in hospitalised patients with COVID‑19: a nationwide observational study of 8075 participants - ScienceDirect
[4] An Independent Analysis of a Retrospective Cohort of 30,423 Covid‑19 P vid‑19 Patients T atients Treated at IHU‑Mediterr eated at IHU‑Mediterranean in Marseille, anean in Marseille, France: P ance: Part 2, a Real‑lif t 2, a Real‑life Assessment of Co e Assessment of Covid‑19 V vid‑19 Vaccination accination Efficacy