Censure : le Digital Services Act, nouvelle loi européenne pour 2024

Liberté & démocratie
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Validé par l’Union Européenne samedi 23 avril[1] dernier, le Digital Services Act contraindra, à partir du 1er janvier 2024, les réseaux sociaux et moteurs de recherche à censurer encore plus qu'ils le font actuellement, sous peine de lourdes amendes. Pourquoi l'Union Européenne entreprend-elle de restreindre la liberté d'expression et d’accroître la censure en ligne ?

Le Digital Services Act a été adopté samedi 23 avril au matin par les décideurs européens[2][3]. Son but ? « Protéger les citoyens de la désinformation »[4]. Par quel moyen ? En contraignant les plateformes en ligne, réseaux sociaux et moteurs de recherche, à censurer les contenus auxquels ils donnent accès plus drastiquement encore qu'à l'heure actuelle, sous peine de lourdes amendes. La nouvelle législation entrera en vigueur le 1er janvier 2024.

La pluralité d'opinion envisagée comme un problème à résoudre

Interrogé à ce sujet par AP[5], le directeur du groupe de pression international « Reset »[6], explique que cette nouvelle loi européenne fait partie d’un mouvement général en occident tendant vers plus de censure en ligne. Une censure dont la nécessité est apparue, selon lui, suite « à l'élection de Donald Trump en 2016, au cours de laquelle la Russie a influencé les électeurs en utilisant les réseaux sociaux »[7] (sic). Les problèmes n'ayant fait selon lui « que s'aggraver au cours de la pandémie qui a vu la désinformation sévir dans le domaine de la santé »[8]. Quand ces lobbyistes et décideurs parlent de « désinformation », cela concerne-t-il aussi la communication des gouvernements occidentaux et des médias traditionnels ? Il est permis d’en douter.

La veille de l’accord trouvé par l’Union Européenne sur le Digital Services Act, l'ancien président américain Barack Obama, resté très influent, faisait un discours remarqué à l'université de Stanford en Californie, justement sur le thème de l'internet et de la liberté d'expression[9]. Au cours de celui-ci, sous couvert de bonnes intentions, il évoquait lui aussi les « risques » engendrés par le fait que des individus puissent échanger librement et partager en ligne des informations divergeant du discours dominant. Risques pour qui ? Pour les citoyens ou pour les intérêts défendus par les groupes de pression ?

Toujours plus de censure : la cible c'est nous !

Disposant pourtant déjà d'un pouvoir de contrôle surréaliste sur les flux d'information (cf. justement, en parlant de Barack Obama et de son successeur démocrate Joe Biden, l’étouffement sur les réseaux sociaux des affaires « Obamagate »[10][11] et « Laptop from hell »[12][13]), les décideurs de ce qui peut être diffusé ou non ne s'en satisfont manifestement pas et veulent encore plus de régulation des contenus en amont.

On ne sait pas encore la forme exacte que cela prendra mais, clairement, ils préparent quelque chose et leur cible, c'est nous. Un média comme Bam! fait partie de ce qu’ils considèrent comme un « problème ». Il est à craindre que de nombreux médias alternatifs seront directement affectés et pourraient se voir restreindre encore plus qu'actuellement le partage de leurs contenus sur toutes les plateformes et reculer encore plus dans les résultats des moteurs de recherche.

Une autre perspective est-elle possible ?

Encore une fois, la censure est-elle la solution aux opinions considérées par certains comme fausses ? Les autorités croient-elles vraiment « restaurer la confiance »[14] en censurant des faits réels qui divergent de leur discours ? Ne serait-il pas plus sain de répondre aux opinions divergentes par des arguments lors de débats ? Cela correspondrait mieux aux idéaux démocratiques que nos représentants prétendent défendre.

Est-il encore temps de s'opposer à cette nouvelle loi de censure européenne d’internet ? Peut-être. Pour cela, la seule manière est d'informer nos concitoyens afin qu’ils puissent se poser la question : sont-ils partisans de plus ou moins de censure en ligne ? En effet, les citoyens doivent être au courant de ce qui est en train de se décider en leur nom, afin de pouvoir éventuellement faire entendre leur avis. Nous sommes censés être en démocratie, les décisions prises sont censées refléter l’avis des citoyens, et tenir compte des minorités.

Enfin question subsidiaire : qui peut avoir intérêt à censurer, à part celui qui craint la vérité ?

 

Nicolas Mertens, journaliste citoyen pour BAM!


[1] https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20220412IPR27111/dsa-accord-sur-un-environnement-en-ligne-sur-et-transparent

[2] https://apnews.com/article/technology-business-police-social-media-reform-52744e1d0f5b93a426f966138f2ccb52

[3] https://ec.europa.eu/info/digital-services-act-ensuring-safe-and-accountable-online-environment_en

[4] https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20220412IPR27111/dsa-accord-sur-un-environnement-en-ligne-sur-et-transparent

[5] https://apnews.com/article/technology-business-police-social-media-reform-52744e1d0f5b93a426f966138f2ccb52

[6] https://www.reset.tech

[7] https://apnews.com/article/technology-business-police-social-media-reform-52744e1d0f5b93a426f966138f2ccb52

[8] https://apnews.com/article/technology-business-police-social-media-reform-52744e1d0f5b93a426f966138f2ccb52

[9] https://techpolicy.press/transcript-barack-obama-speech-on-technology-and-democracy/

[10] https://institutdeslibertes.org/obama-gate-histoire-dun-coup-detat-foireux/

[11] https://spectator.org/obamagate-trump-barack-russian-collusion/

[12] https://www.contrepoints.org/2022/03/25/423776-hunter-biden-les-complotistes-avaient-encore-raison

[13] https://nypost.com/2022/03/17/hunter-bidens-infamous-laptop-confirmed-in-new-york-times-report/

[14] https://ec.europa.eu/commission/commissioners/2019-2024/vestager/announcements/speech-forum-europe-conference-digital-services-act_en

Source photo :
Image recadrée à partir de l'image originale de Kirill Shashkov sur Shutterstock