Il est de bon ton en Europe de qualifier Trump ou Poutine de fous autoritaires. Mais qu'en est-il de la présidente de la Commission européenne ?
Opacité, non-respect des procédures, gabegie, népotisme, obstruction à la justice, abus de pouvoir, censure, ingérence dans les élections… Ursula von der Leyen, pour qui aucun citoyen n’a voté, collectionne les abus en toute impunité. Si les résultats avaient été au rendez-vous, on aurait pu faire preuve d'un peu de mansuétude, mais l’Europe recule objectivement sur tous les fronts essentiels à son avenir: compétitivité, inflation, orientations stratégiques, croissance, endettement, natalité, santé, éducation, relations intra-européennes, énergie, crédibilité sur la scène internationale, perte d’influence, … la liste est longue et la facture salée.
Davantage préoccupée par ses intérêts et son pouvoir, au mépris des principes de transparence et de gouvernance, Ursula von der Leyen a terni l'image de sa fonction. Ses décisions autoritaires, irréalistes et irresponsables donnent l'apparence d'une institution européenne pléthorique, déconnectée et délétère. Dans ce contexte, sa présidence pourrait paradoxalement faire le jeu des eurosceptiques.
McKinsey, le fiston et le smartphone magique
Avant de devenir présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a occupé le poste de ministre de la Défense en Allemagne de 2013 à 2019. Durant cette période, elle avait déjà été impliquée dans une affaire controversée concernant l'attribution de contrats de conseil à des sociétés externes, notamment McKinsey et Accenture, sans appel d'offres transparent.
L'affaire, connue sous le nom de "Berateraffäre" (affaire des consultants), portait sur des contrats représentant plusieurs centaines de millions dos. Des accusations de favoritisme et de mauvaise gestion des fonds publics ont rapidement émergé, poussant le Bundestag à lancer une enquête parlementaire pour faire toute la lumière sur ces pratiques.
L'affaire a également pris une nouvelle tournure lorsqu'il a été révélé que le fils d'Ursula von der Leyen, David von der Leyen, travaillait pour McKinsey. L'opposition et la presse n'ont pas manqué de souligner ce conflit d'intérêts
Un élément particulièrement troublant de cette affaire a été la destruction de preuves. En effet, lors de l'enquête, il a été révélé que le téléphone professionnel d'Ursula von der Leyen avait été effacé avant d'être remis aux enquêteurs. Le ministère de la Défense a justifié cette suppression des données par une "procédure standard" appliquée lors de la restitution du téléphone. Cependant, cette explication n'a convaincu ni les enquêteurs ni l'opinion publique. L'opposition allemande a dénoncé cet acte comme une entrave potentielle à l'enquête, remettant en question la transparence de la ministre dans la gestion de cette crise.
Cette affaire a laissé une tache durable sur son mandat ministériel, alimentant les doutes sur sa capacité à gouverner de manière transparente et responsable.
Dans des pays comme la Norvège ou l'Islande, une telle controverse aurait sans doute mis un terme à sa carrière, mais au sein de la Commission européenne, cela n'a visiblement pas été un obstacle à son ascension à la présidence.
Green deal ou bad deal ?
Sous la présidence d'Ursula von der Leyen, le Green Deal européen visait à faire de l'Europe le premier continent neutre en carbone d'ici 2050. Mais cette ambition écologique a eu des effets délétères sur l'économie, en particulier pour l'industrie.
La transition écologique s'est accompagnée de nouvelles taxes environnementales, notamment via l'élargissement du marché du carbone aux secteurs du transport et du bâtiment. Les ménages ont vu leurs factures énergétiques augmenter, tandis que les entreprises ont subi des coûts de production plus élevés. La taxe carbone aux frontières, censée protéger l'industrie locale, n'a pas suffi à préserver la compétitivité européenne, entraînant même des délocalisations.
Le financement du Green Deal a reposé sur un endettement massif, notamment à travers le plan de relance NextGenerationEU de 750 milliards d'euros. Si les grandes entreprises ont bénéficié des subventions vertes, les petites et moyennes entreprises, elles, ont eu du mal à absorber les coûts de cette transition.
L'industrie automobile a particulièrement souffert. L'interdiction des voitures thermiques dès 2035 a mis en péril des milliers d'emplois, tandis que les constructeurs asiatiques ont profité de l'occasion pour renforcer leur présence en Europe. Pour éviter un effondrement de l'industrie, la Commission a dû finalement reculer, offrant des délais supplémentaires et adaptant temporairement certaines normes environnementales, mais le mal est fait, les pertes d’emplois dans le secteur se comptent en centaines de milliers.
Dans le secteur immobilier, la directive sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD) a imposé des rénovations coûteuses aux propriétaires, rendant l'accès à la propriété et à la location plus difficile. Les prix de l'immobilier ont grimpé, aggravant la précarité résidentielle. Sous la pression, la Commission a assoupli certaines règles pour permettre aux États membres de s'adapter.
Ces revirements stratégiques, en plus des investissements perdus et des coûts supplémentaires engendrés par l'adaptation aux nouvelles directives, renvoient une impression d'amateurisme et d'une déconnexion flagrante avec la réalité économique et sociale.
Énergie, inflation et compétitivité
La politique énergétique européenne sous Ursula von der Leyen a également été marquée par le fonctionnement controversé du mécanisme de fixation des prix de l'électricité, basé sur le principe du "marginal pricing" (tarification marginale). Ce système impose que le prix de l'électricité sur le marché de gros soit déterminé par le coût de production de la dernière source d'énergie nécessaire pour équilibrer l'offre et la demande, souvent la plus coûteuse.
En alignant systématiquement le prix de l'électricité sur le coût de production le plus élevé du mix énergétique, il fausse la concurrence et entraîne mécaniquement une hausse des prix de l'énergie. La situation est devenue particulièrement désastreuse avec la flambée des prix du gaz, notamment due à la guerre en Ukraine.
Les entreprises européennes, en particulier celles des secteurs énergivores, ont vu leurs coûts de production exploser, nuisant à leur compétitivité face aux concurrents américains et asiatiques, bénéficiant souvent d'une énergie moins chère. Les ménages, quant à eux, ont subi une hausse vertigineuse de leurs factures d'électricité, réduisant encore un peu plus leur pouvoir d'achat.
Données personnelles
Le 10 juillet 2023, la Commission européenne a adopté une décision d'adéquation concernant le Cadre de protection des données UE-États‑Unis (Data Privacy Framework), facilitant ainsi les transferts de données personnelles entre l'Union européenne et les États‑Unis.
Cette décision a suscité des critiques, notamment de la part de Max Schrems et de son organisation NOYB, qui estiment que le nouveau cadre est similaire aux précédents accords invalidés par la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE). Ils prévoient de contester cette décision devant la CJUE, arguant que les lois américaines, en particulier la section 702 du FISA, permettent toujours une surveillance de masse sans recours effectif pour les citoyens européens.
Le Parlement européen a également exprimé des réserves, adoptant une résolution en mai 2023 demandant à la Commission de ne pas adopter la décision d'adéquation tant que les recommandations du Comité européen de la protection des données (CEPD) n'auraient pas été pleinement mises en œuvre.
Pfizergate
Si Ursula von der Leyen semble faire peu de cas de la vie privée des européens, elle paraît nettement plus soucieuse de protéger ses propres données, même lorsqu'elles concernent des négociations régies par des règles de transparence.
Lors de la pandémie de COVID‑19, la Commission européenne a négocié d'importants contrats de vaccins avec des entreprises pharmaceutiques, dont Pfizer. Ces négociations portaient sur des milliards d'euros de fonds publics et engageaient l'avenir sanitaire de millions de citoyens. Pourtant, Ursula von der Leyen s'est retrouvée au cœur d'une polémique liée à des échanges de SMS avec Albert Bourla, PDG de Pfizer. Ces messages, qui auraient pu éclairer les conditions de négociation des contrats de vaccins, n'ont jamais été rendus publics. Pire, ils auraient été supprimés sous prétexte qu'ils ne constituaient pas des "documents officiels".
L'affaire a pris une ampleur internationale lorsque le New York Times a intenté une action en justice contre la Commission européenne afin d’obtenir la publication des échanges entre Ursula von der Leyen et Albert Bourla. Le quotidien américain a souligné le manque de transparence entourant ces négociations, remettant en cause la légitimité d'une présidence de la Commission européenne qui prône pourtant la transparence et la responsabilité.
Ce n'est pourtant pas la première fois qu'Ursula von der Leyen se retrouve au cœur d'une telle controverse. Comme mentionné plus haut, lors de l'affaire "Berateraffäre" au ministère de la Défense allemand, elle avait prétexté l’ignorance, tout en promettant de ne plus reproduire cette erreur. Une justification déjà fragile à l'époque, qui devient aujourd'hui intenable, laissant davantage transparaître l’impunité que l'innocence.
Europacité
En outre, Ursula von der Leyen a été critiquée pour avoir contourné le processus habituel de négociation des contrats de vaccins avec Pfizer. Normalement, ce type de négociation aurait dû être mené par l'équipe dédiée de la Commission européenne, avec une transparence accrue et une implication des États membres. Cependant, en prenant directement contact avec Albert Bourla via SMS, elle a court‑circuité les procédures classiques, ce qui a soulevé des inquiétudes quant au respect des règles de gouvernance et à l'équité du processus.
Ce choix de négocier en dehors des canaux institutionnels habituels a également privé les États membres et les parlementaires européens d'une vue d'ensemble sur les conditions exactes des contrats, notamment en ce qui concerne les prix, les quantités livrées ou les clauses de responsabilité. Cette opacité a alimenté les soupçons de favoritisme ou de manque de rigueur dans la gestion de fonds publics colossaux.
Le Parlement européen lui‑même a été confronté à des obstacles lorsqu'il a tenté d'exercer son droit de contrôle démocratique. L'accès aux contrats négociés avec Pfizer a été strictement limité, avec des documents caviardés, ne permettant qu'une lecture partielle et tronquée des informations. Les parlementaires n'étaient autorisés à consulter ces documents que dans des salles de lecture sécurisées, sans possibilité d'emporter leurs téléphones ou de recopier des informations, ce qui rendait tout contrôle démocratique pratiquement impossible. Cette opacité a nourri un sentiment croissant d'impunité au sommet des institutions européennes.
"Mauvaise administration"
Cette situation a conduit l'Ombudsman européen, Emily O'Reilly, à ouvrir une enquête pour "mauvaise administration". Son rôle, en tant que médiatrice de l'Union européenne, est d'examiner les cas où des institutions ou organes de l'UE pourraient avoir enfreint les principes de transparence, de responsabilité ou de bonne gouvernance.
Dans cette affaire, l'enquête visait à déterminer si la Commission européenne avait respecté ses obligations en matière de conservation des documents officiels et si la suppression des SMS entre Ursula von der Leyen et Albert Bourla constituait une violation des règles de transparence. Emily O'Reilly a notamment pointé du doigt l'absence de clarté sur la manière dont la Commission gère les communications électroniques de ses plus hauts responsables, soulevant ainsi des questions sur la capacité des institutions européennes à rendre des comptes.
Malgré ses recommandations pour renforcer la transparence et éviter que de tels incidents ne se reproduisent, la réponse de la Commission européenne est restée insuffisante aux yeux de nombreux observateurs, alimentant le sentiment que les institutions européennes peinent à s'appliquer à elles‑mêmes les principes qu'elles prônent.
56 milliards gaspillés !
Entre août 2020 et novembre 2021, la Commission européenne a signé 11 contrats avec huit fabricants de vaccins, permettant d'acquérir jusqu'à 4,6 milliards de doses de vaccins COVID, pour un coût total estimé à près de 71 milliards d'euros. Cela équivaut à près de dix doses par habitant de l'UE, soulevant des interrogations sur la raison d'un tel volume pour un vaccin censé être efficace...
Cependant, sur ces 4,6 milliards de doses achetées, seulement 981 millions ont été effectivement administrées aux citoyens européens, soit à peine 21% des doses. En d'autres termes, 79% des doses achetées, soit 3,6 milliards de doses, n'ont jamais trouvé preneur.
Ce déséquilibre monumental se traduit également en termes financiers : sur les 71 milliards d'euros dépensés, près de 56 milliards d'euros ont été gaspillés.
Malgré ce gaspillage déjà considérable, l'Union européenne a continué à passer de nouvelles commandes. En mai 2021, un contrat supplémentaire de 1,8 milliard de doses pour les années 2022 et 2023 a été signé avec BioNTech/Pfizer.
En janvier 2025, la Commission européenne, via l'HERA, a signé un nouveau contrat‑cadre avec Moderna pour l'acquisition de 146 millions de doses supplémentaires
Baldan, le lobbyiste indésirable
En avril 2023, Frédéric Baldan, un lobbyiste belge a déposé une plainte pénale en Belgique contre Ursula von der Leyen. Les accusations portaient sur des allégations d'ingérence dans les fonctions publiques, de destruction de documents officiels, de corruption et de conflit d'intérêts liés aux négociations de contrats de vaccins avec Pfizer.
La plainte de Baldan se concentrait sur les échanges de textos entre von der Leyen et le PDG de Pfizer, Albert Bourla. Peu de temps après le dépôt de sa plainte, l'accréditation de Baldan en tant que lobbyiste auprès du Parlement européen a été retirée.
Heiko, le mari comblé
Heiko von der Leyen, époux de la présidente d'Ursula von der Leyen, occupe depuis décembre 2020 le poste de directeur médical chez Orgenesis Inc., une entreprise biotechnologique américaine spécialisée dans les thérapies cellulaires et géniques.
En 2022, la filiale italienne d'Orgenesis a rejoint un projet de thérapie génique et cellulaire, utilisant une technologie comparable à celle des vaccins ARN. Ce projet a bénéficié de financements européens à hauteur de 320 millions d'euros. Heiko von der Leyen avait été élu au conseil de surveillance de ce projet mais a démissionné après que les médias ont mis en lumière son conflit d’intérêt.
Ce n'est pas la première fois qu'Ursula von der Leyen est critiquée pour son népotisme. Comme mentionné plus haut, lors de l'affaire "Berateraffäre", des soupçons avaient déjà émergé concernant des contrats attribués à McKinsey, où son fils David travaillait à l'époque.
DSA et la censure
La censure durant la crise sanitaire a été particulièrement agressive et a constitué une occasion d’institutionnalisation, notamment via le DSA (Digital Services Act). De nombreux citoyens et médias indépendants, dont BAM, ont été censurés à plusieurs reprises, alors qu’ils publiaient des témoignages de victimes, de scientifiques et de professeurs, ainsi que des informations qui se sont révélées parfaitement exactes.
Officiellement, il s’agit de lutter contre les "fausses informations", mais dans les faits, cela revient à censurer ou à appliquer un shadow ban aux publications et commentaires qui ne plaisent pas à la Commission. Seules des agences soigneusement sélectionnées et financées par cette dernière détiennent la vérité et le droit de censurer.
Rappelons aussi qu’en 2022, l’Union européenne a interdit la diffusion de plusieurs médias russes, les accusant de relayer la propagande du Kremlin. En revanche, la propagande anti‑russe, diffusée à longueur de journée sur les médias européens, ne semble poser aucun problème. Par principe, la liberté n’est pas de savoir qui a tort ou raison mais de laisser chacun décider par lui‑même l’information pertinente pour lui.
Mais la Commission ne s’arrête pas là : von der Leyen veut désormais "vacciner" les Européens contre les fausses informations: apprendre aux citoyens à distinguer les informations officielles des "fausses informations"… Autrement dit, leur apprendre à penser dans la bonne direction, celle décidée par la Commission.
“Bouclier démocratique”
Le "bouclier démocratique", qui, officiellement, vise à protéger les élections des ingérences étrangères en permettant entre autres leur annulation. En réalité, cet outil permet surtout d'annuler une élection si son résultat ne plaît pas à la Commission. C’est donc un instrument d’ingérence directe de Bruxelles dans les élections nationales.
L’exemple roumain illustre parfaitement ce problème: Arrivé en tête du scrutin, Călin Georgescu est accusé d’avoir bénéficié de vidéos TikTok financées par la Russie. La Cour constitutionnelle annule alors l’élection. On apprendra qu’en réalité, les vidéos TikTok avaient été payées par le Parti National Libéral afin d’affaiblir un concurrent. En février, il est interpellé par la police roumaine alors qu’il tentait enregistrer sa candidature pour les nouvelles élections en mai…Son arrestation a déclenché des manifestations de soutien en Roumanie. Des milliers de personnes se sont rassemblées à Bucarest pour protester contre son inculpation et l'annulation de l'élection présidentielle, exprimant leur mécontentement face aux décisions des autorités.
Călin Georgescu a finalement été libéré sous contrôle judiciaire avec des conditions strictes. Celles‑ci incluent une interdiction de quitter le pays et l'obligation de se présenter régulièrement aux autorités judiciaires. De plus, il lui est interdit d'utiliser les réseaux sociaux pendant la durée de l'enquête. Si sa culpabilité n’a pas été établie, cela constitue dans les faits une ingérence dans le processus électoral.
En réalité, la Commission, déjà peu démocratique dans sa constitution, utilise son pouvoir pour renforcer son emprise, au mépris de la liberté d’expression et des principes démocratiques les plus élémentaires.
Fiasco des sanctions
Depuis l’intervention Russe en Ukraine, la Commission européenne a adopté une série de sanctions économiques contre Moscou. Ces mesures visaient à affaiblir l'économie russe et à limiter sa capacité à financer l'effort de guerre. Parmi les sanctions les plus notables figurent l'embargo sur le charbon et la majorité du pétrole russe, le plafonnement des prix du pétrole russe destiné aux pays tiers, ainsi que l'interdiction d'importation de produits de luxe et de biens industriels en provenance de Russie. L'UE a également imposé de strictes limitations aux exportations vers la Russie, notamment sur les biens à double usage, les technologies sensibles, les produits de haute technologie, ainsi que sur les secteurs industriels, énergétiques, chimiques, plastiques et l'industrie de l'aviation et de l'espace.
Alors que l'économie russe, après une récession de 2 % en 2022, a rebondi avec une croissance de 3,6% en 2023 et de 4,1% en 2024, l'Union européenne, elle, peine à retrouver une croissance significative. Après une progression de 3,5% en 2022, la croissance a chuté à 0,4% en 2023 et à peine 0,7% en 2024.
Les sanctions contre la Russie ont eu un impact direct sur les prix de l'énergie en Europe. En 2022, le prix du gaz a bondi de 200%, entraînant une augmentation de 70% du coût de l'électricité pour les ménages européens. Bien que les prix du gaz se soient stabilisés en 2023, ils sont restés en moyenne 100% plus élevés qu'avant la crise. Cette inflation énergétique a contribué à une hausse généralisée des prix, aggravant les difficultés des ménages et réduisant la compétitivité des entreprises européennes.
Ces chiffres remettent singulièrement en question l'efficacité des sanctions européennes. Si elles ont au départ affecté la Russie, celle‑ci a réussi à réorienter son économie et à renforcer sa résilience interne. Elle a réussi à maintenir ses exportations en redirigeant son pétrole vers des pays non alignés sur les sanctions. L'Inde a considérablement augmenté ses importations de pétrole russe, profitant de tarifs réduits. Ce pétrole est ensuite raffiné en Inde avant d'être réexporté vers l'Europe.
De même, l'Arabie saoudite a intensifié ses importations de mazout russe, une stratégie visant à limiter son propre raffinage de pétrole brut pour la consommation intérieure. Cela permet au royaume de libérer davantage de son pétrole brut pour l'exportation vers les marchés internationaux, y compris l'Europe. En fin de compte, l'Europe se retrouve dans la situation paradoxale de financer la guerre aussi bien du côté ukrainien que du côté russe.
Cette situation illustre une nouvelle fois la déconnexion entre les ambitions géopolitiques de la Commission européenne et les réalités économiques auxquelles font face les citoyens européens. En outre, elle montre une très mauvaise estimation des capacités de résistance de l'économie Russe.
Coût exorbitant de la guerre
Depuis le début de la guerre en Ukraine, l'Union européenne et ses partenaires occidentaux ont mobilisé des ressources financières sans précédent pour soutenir Kiev. À ce jour, l'Union européenne et ses États membres ont fourni à l'Ukraine une aide totale estimée à 132 milliards d'euros.
De plus, l’Ukraine fait face à des destructions massives d'infrastructures, avec des dommages estimés à plus de 500 milliards de dollars. Sa reconstruction, qui nécessitera plusieurs décennies, pourrait dépasser les 1 000 milliards de dollars, un coût que les Européens pourraient être amenés à financer en grande partie.
Sur le plan humain, le bilan est encore nettement plus dramatique. Sur un million de victimes, plus de 300 000 Ukrainiens et Russes ont perdu la vie depuis le début du conflit. L'Ukraine a vu une partie significative de sa population active décimée sur le champ de bataille ou contrainte à l'exil, fuyant les violences et l'incertitude.
Alors que la stratégie occidentale visait à isoler la Russie diplomatiquement, cette dernière a renforcé ses liens avec les BRICS et élargi ses partenariats en Afrique. De nombreux pays du Sud global se montrent réticents à condamner Moscou, soulignant l'échec de la diplomatie européenne à mobiliser un soutien mondial.
Les grands perdants
Il ne s’agit pas ici de juger les aspects moraux ou la responsabilité de chaque camp, mais d'évaluer le résultat concret des décisions prises par la Commission européenne sous les auspices d’Ursula von der Leyen.
Si la Russie a payé un lourd tribut, elle a néanmoins atteint plusieurs de ses objectifs stratégiques: récupération des zones russophones, affaiblissement significatif de l'armée ukrainienne et maintien de l'Ukraine hors de l'OTAN.
De son côté, la Chine a renforcé son influence géopolitique et économique en accédant à des ressources russes à bas prix, en consolidant son alliance avec Moscou et en détournant l'attention occidentale de ses propres ambitions, notamment à Taïwan.
Les États‑Unis, bien qu'ils n'aient pas permis à l'Ukraine de remporter la guerre, ont réussi à tirer leur épingle du jeu. Ils ont accru leurs ventes d'armes et de gaz, tout en profitant d'un affaiblissement de la compétitivité européenne.
Outre l'Ukraine, qui sort exsangue et amputée, l'Europe apparaît comme la grande perdante: compétitivité en berne, inflation persistante, perte d'influence internationale, coûts de reconstruction exorbitants, rupture des échanges économiques avec la Russie et dépendance énergétique accrue vis-à-vis des États‑Unis.
Si la critique est toujours plus aisée après coup, il n'en demeure pas moins que l'UE s'est engagée de plain‑pied dans un conflit en entretenant l'illusion d'une victoire qui n'est jamais venue.
Bien sûr, la Russie peut être désignée comme l'agresseur, mais il serait réducteur de prétendre que le problème ukrainien date du 24 février 2022. L'Union européenne n'a pas su prévenir une guerre qui n'était dans l'intérêt ni des Européens ni des Ukrainiens. Pire, les Européens pourraient ne pas être conviés à la table des négociations. C'est un échec stratégique, politique et diplomatique cuisant.
Général Ursula
Si Il faut reconnaître une qualité à Ursula von der Leyen, c’est sa capacité à profiter d’une crise pour masquer ses erreurs précédentes et s'approprier des pouvoirs illégitimes.
Alors que l'administration Trump appelait à un arrêt des hostilités, estimant que l'Europe devrait privilégier la diplomatie pour mettre fin au conflit, Ursula von der Leyen a dévoilé un plan de 800 milliards d'euros pour renforcer les capacités militaires européennes et continuer à fournir un soutien massif à l'Ukraine.
Tout semble indiquer qu’Ursula von der Leyen ne compte pas reconnaître ses échecs et a choisi la fuite en avant, quitte à enfoncer l’Europe encore plus loin dans un bourbier dont beaucoup s’accordent à dire qu’il est sans issue. Sans les USA, il est totalement illusoire de prétendre qu’une victoire ou même un statut quo soit encore possible en Ukraine. Toute poursuite de la guerre se fera immanquablement aux dépens des Ukrainiens et des Européens. En réalité, l'UE veut continuer à soutenir Zelensky, qui n'aura de toute façon pas d'autre choix que de signer avec les États‑Unis ou de disparaître.
En endossant le rôle de chef de guerre, Ursula von der Leyen a définitivement lié son sort au résultat désastreux d'une politique dont elle était devenue le porte‑drapeau. Si pour von der Leyen il s'agit de sa survie politique, pour l'Europe, cela ressemble davantage à une descente inexorable vers une impasse dont elle ne récoltera, au mieux, que des désillusions, et au pire, une guerre qu'elle ne pourra pas gagner.
Bien entendu, les pays européens ont tout intérêt à renforcer leur indépendance stratégique. Comment pourraient‑ils prétendre défendre leurs intérêts sans être en mesure d'assurer leur propre sécurité ? L'Allemagne en a fait l'amère expérience avec l'explosion du gazoduc Nord Stream, un événement qui a lourdement compromis sa compétitivité et alimenté son inflation, les deux piliers fondamentaux de sa politique depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Il n'est même pas exclu que la guerre en Ukraine aurait pu être évitée si les pays européens avaient réellement été indépendants des intérêts américains.
Mais, une fois de plus, Ursula von der Leyen cherche à s'approprier de nouveaux pouvoirs, profitant d'une situation catastrophique dont elle est aussi responsable.
Marcan pour BAM!
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