Le conspirationnisme des nuls, par les nuls et pour les nuls.

Tribune
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Dans son article anticomplotiste paru sur le site de la RTBF le 6 novembre 2021 Francoise Berlaimont cite la spécialiste belge du conspirationnisme Marie Peltier afin d’appuyer sa critique envers les auteurs qui traitent du livre du Great Reset du Klaus Schwab et Thierry Malleret [1].
Un classique du genre.

Je mets au défi toute personne un peu censée et éclairée de démêler honnêtement le vrai du faux entre dictature et démocratie dans ce passage:

"Il faut faire la différence entre démocratie et dictature", rappelle Marie Peltier. "Que Poutine ou le régime chinois utilisent les dernières technologies pour surveiller les opposants et les citoyens, c’est une réalité. Le problème, c’est que les conspirationnistes assimilent la démocratie et la dictature. En démocratie, la surveillance est encadrée par des lois, des organismes de contrôle, rappelle-t-elle.".

De quoi parle-t-on exactement?

Selon Gaëtan Lepage, titulaire d'un master en science politique (ULB), il y a une double erreur conceptuelle dans ce passage : "C'est tout à fait faux et pour deux raisons" :

1) Elle commet tout d'abord une erreur théorique, preuve de méconnaissance du droit et de la théorie des régimes politiques. Les Etats autoritaires peuvent être des Etats de droit. Ce n'est pas parce que l'Etat s'autorise lui-même à surveiller ses citoyens que cette surveillance est légitime et que l'Etat demeure une démocratie pleine et entière.
Une démocratie doit respecter plusieurs critères et l'Etat de droit n'en est qu'un seul.

2) Marie Peltier commet une seconde erreur, cette fois conceptuelle : la dictature et la démocratie ne sont pas des concepts découplés l'un de l'autre : il y a un continuum entre les deux, une zone grise constituée par les démocraties dégradées et les Etats autoritaires en mutation démocratique. De ce fait, les complotistes et les anxieux font effectivement l'erreur de crier un peu vite à la dictature mais Mme Peltier fait exactement l'inverse en opposant uniquement une vision manichéenne du concept, représenté par la Russie ou la Chine. En fait, elle exclut de la réalité une vision plus nuancée, la notion de démocratie dégradée, en refusant de voir la démocratie et la dictature autrement que comme des concepts absolus (idéal-type). Bref, elle fait exactement l'erreur qu'elle reproche aux complotistes mais à l'inverse. Voilà ce qui arrive quand on laisse des historiens se lancer dans la description des régimes politiques.

Notre démocratie qui a été violée et saccagée depuis 18 mois, est-elle encore une vraie démocratie fondée comme auparavant sur l’état de droit, le respect de la constitution, le débat parlementaire la concertation et la consultation des corps intermédiaires ainsi que sur le respect des droits de l’homme ?

Je ne le pense pas.

Mais Marie Peltier continue à le penser en opposant notre belle démocratie en roue libre, sanitairement tyrannique, avec la dictature russe ou chinoise alors qu’en réalité elle en a copié les fondements sur bien des points, dont le crédit social chinois... mais, pour elle :
"Le logiciel idéologique des complotistes vise à discréditer la démocratie, en disant qu’elle se comporte comme une dictature."

Vraiment ?

Quelle est aujourd’hui la frontière entre un régime autoritaire, dictatorial, totalitaire et la démocratie actuelle lorsque celle-ci a réglé la vie privée des individus selon de nouvelles normes anthroposociales sans aucune concertation et sans qu’on leur demande leur avis ?

Où est la frontière entre ces deux régimes lorsque les libertés fondamentales, se réunir, se mouvoir, voyager, se soigner, visiter un proche à l’hôpital, acheter des biens, avoir accès aux services, etc., ont été conditionnées de manière unilatérale par des mesures et des lois sanitaires contraignantes, restrictives et ségrégationnistes, des lois votées par des assemblées désertées de godillots entérinant, comme une chambre d’écho ces mesures gouvernementales sans véritables débats contradictoires?

Comment nomme-t-on juridiquement un régime qui s’est arrogé le droit de définir les bons et les mauvais citoyens en fonction de leur état de santé vaccinal et infectieux ?

Comment appelle-t-on un régime qui décide pour nous ce qui est correct de penser et ce qui ne l’est pas, en censurant ceux qui ne pensent pas comme ce régime l’entend ?

Quel est le nom du régime qui interdit aux médecins de traiter une maladie comme ils l’entendent et qui discrédite et disqualifie ces traitements, en frappant certaines molécules archi connues, du sceau d’une toxicité inédite et jusque là étrangement inconnue?

Quel est le qualificatif adéquat pour décrire un régime qui laisse les gens mourir par défaut de soins et qui altère les fondements de la médecine hippocratique multiséculaire?

Comment décrire un régime qui s’arroge le droit de pénaliser socialement les individus sans passer par la case justice, instruction, tribunal, jugement et sanction ?

Comme le dit très bien Guillaume Zambrano, maître de conférences en droit privé à l’université de Nîmes. : "Etre exclu des transports publics, hôpitaux, cafés, restaurants, bibliothèques, associations sportives et culturelles et autres lieux de réunion est une privation de liberté extrêmement lourde : c’est une privation du droit de réunion, de la liberté d’aller et de venir, une véritable exclusion de la vie sociale. Le plus grave est qu’il s’agit d’une sanction extrajudiciaire. Depuis le XVIIᵉ siècle et le Bill of Rights anglais destiné à limiter l’arbitraire des souverains, notre tradition juridique est fondée sur le principe de l’habeas corpus : toute personne privée de liberté a le droit de passer devant un juge. Mais avec le passe sanitaire, toute une catégorie de personnes reçoit une sanction pénale maximale sans qu’il y ait eu de jugement, sans même avoir pu se défendre." Le passe sanitaire est un moyen extrajudiciaire de désactiver socialement les gens. In Reporterre. [2]

Qui ne constate pas sincèrement et honnêtement cet état de fait?

Ceux qui ont assurément le regard volontairement ou inconsciemment mutilé et la conscience endormie et/ou anesthésiée.
Ou encore les chercheurs qui ont des liens et des conflits d’intérêts avec les organismes qui les financent et les nourrissent en trahissant leur profession et leur serment.

Qui ne serait pas fondé aujourd’hui au minimum à douter et à questionner ce système tel qu’elle le décrit ici ?

Comment une chercheuse universitaire renommée peut-elle encore nier la réalité de ce que nous vivons depuis 18 mois et accabler les universitaires et les chercheurs qui doutent et ont une autre vision de la nouvelle réalité en les affublant de ce qualificatif stupide?

Comment ose-t-elle encore appeler ce régime sanitaire "démocratique" ?

À tout le moins elle aurait pu, dû, constater que ce régime démocratique a perdu sa légitimité au fil de ses manquements, de ses abus, de ses détournements, de ses pratiques falsificatrices et frauduleuses dans la restitution partielle et fragmentaire des données; dans le seul but de consolider ses orientations sanitaires décidées en cercles intimes et secrets.

Elle aurait ainsi dû mentionner que ce régime démocratique était devenu au minimum "adémocratique", l’utilisation du "a" privatif étant parfaitement adéquat pour décrire le processus de privation du pouvoir du "démos" dans ces affaires sanitaires.

Mais non, il est tellement plus confortable de stigmatiser ceux qui osent penser autrement en les habillant pour plusieurs hivers de divers costumes complotistes, conspirationnistes, nationalistes, extrêmes droitistes, extrêmes gauchistes, fascistes, antisémites.

Soit, rien d’étonnant de la part d’une chercheuse dont le fonds de commerce est le conspirationnisme, elle ne va quand même pas scier la branche sur laquelle elle est assise depuis longtemps.

Mais tout le monde n’est pas dupe et les non dupes errent comme disait le père Lacan.

Petit rappel Madame Peletier :

"La démocratie, c’est le pouvoir du peuple par le peuple pour le peuple" disait Abraham Lincoln.

Et ce pouvoir DU peuple a été confisqué PAR des sociopathes en bandes organisées à plusieurs niveaux, bourrés de conflits et de liens d’intérêts divers et variés; il est exercé contre le peuple et PAR des cénacles non élus de scientifiques et de politiques POUR et afin de conserver leur pouvoir sur le peuple par opportunisme politique à la faveur de cette pandémie déclarée de manière unilatérale par l’OMS et immédiatement récupérée par le forum de Davos et son programme du Great Reset [3].

Coïncidence toute fortuite, circulez, rien à voir.

En réalité, cette démocratie-là est morte et avec elle l’état de droit tel que nous l’avons connu, ces droits ayant été bafoués, niés, dégradés par un biopouvoir sans scrupule et sans gêne en s’érigeant au-dessus des lois fondamentales au nom de la Santé élevée au rang de Souverain Bien alors qu’elle est en fait une valeur. Pire, cette valeur élevée en Bien et montée de toute pièce à l’aide d’une recette de pandémie perpétuelle est devenue une divinité et un dogme intouchable et c’est en son nom que les états d’urgence permanents ont été mis en place en violant l’état de droit. Très démocratique comme procédé.

Le lien entre la pandémie et le Great Reset est donc avéré et le programme de ce dernier est bien appliqué selon sa feuille de route.

Est-ce conspirationniste de le constater, de l’écrire et de l’analyser ?

"L’interprétation du Grand Reset est faussée par une vision préétablie", analyse Marie Peltier. "

Il est indéniable, pour les avoir lues, que certaines théories interprètent ce texte en fonction de leurs convictions conspirationnistes et le Great Reset est une aubaine inouïe qui conforte leurs convictions, certes, car les théoriciens de la conspiration existent. Et alors ?

Plus loin elle dit encore, je cite :

"Les conspirationnistes sont persuadés que" le système s’organise dans l’ombre et nous vend des projets qui sont en fait le fruit de manigances cachées pour nous manipuler. Dès que le discours est tenu par des personnalités connues, la réaction est encore plus vive : 'Le système nous manipule et donc veut nous surveiller'.

Question : toute personne souscrivant à ce constat et cette proposition est-elle nécessairement conspirationniste? Pourquoi faire l’amalgame?

À quel titre ?

Être persuadé après analyse que "le système s’organise dans l’ombre et nous vend des projets qui sont en fait le fruit de manigances cachées pour nous manipuler et nous surveiller" relèverait donc pour Marie Peltier, automatiquement du conspirationnisme.

Poursuivons le raisonnement.

Penser que ces décisions se font dans l’ombre pour mettre en place une société de contrôle et de surveillance implique-t-il nécessairement l’idée d’une conspiration ?

Le déroulement des 18 derniers mois n’est-il pas assez clair et transparent pour tout simplement constater que la plupart des gouvernements ont suivi l’agenda de Davos décrit dans le livre de Schwab et Malleret ?

Qui peut encore le contester ?

Ceux qui tentent de nommer les choses depuis mars 2020 en tentant de rétablir une représentation et une carte plus exacte et plus juste du territoire sociopolitique sanitaire actuel ne sont pas plus conspirationnistes que ceux qui s’acharnent à les discréditer et à les disqualifier dans le but de ruiner leur crédibilité et de les détruire socialement et professionnellement en réécrivant constamment l’histoire de cette pandémie afin de justifier leur vision qu’ils considèrent comme une Vérité incontestable érigée en veau d’Or devant lequel nous serions tous sommés de nous prosterner sous peine de sanctions divines.

Nous sommes tous le conspirationniste d’un d’autre.

Ce n'est somme toute qu'une question de point de vue.

 

Par Michel Rosenzweig et Gaëtan Lepage


[1] https://www.rtbf.be/.../detail_the-great-reset-un-livre...
[2] https://reporterre.net/Le-passe-sanitaire-est-un-moyen...
[3] https://www.weforum.org/great-reset#articles

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celle de BAM!

 

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