Et si on fabriquait notre ignorance?

Les tribunes
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Ignorer. Faire preuve d'ignorance sur un sujet. Être ignorant.

Rien qu’en écrivant ces quelques mots, je sens un malaise grandir en moi, un refus d'accepter. Pourtant, je suis ignorant sur beaucoup de sujets, sur des personnes, sur des faits. Nous le sommes tous et, j'ai envie de dire, c'est merveilleux. Cela me permet de conserver ma curiosité sur tous ces sujets et les autres à venir.

Mais qu'en serait-il si on nous fabriquait une ignorance, notre ignorance, celle d'un groupe, d'une communauté? Qu'en serait-il si, pour une raison X ou Y, il était plus simple, plus rentable, plus acceptable, de nous fabriquer une ignorance?
Je me pose souvent la question de savoir ce qui nous pousse à accepter une vérité sans avoir envie d'en douter. Entendons-nous: pour moi, la terre est bien ronde, la gravité existe, etc...
Par contre, qu'en est-il du dérèglement climatique, du bisphénol, de la disparition des abeilles en lien avec les néonicotinoïdes et de la crise sanitaire que nous vivons aujourd'hui? Qu'est-ce qui fait que les scientifiques ne sont pas d'accord entre eux et, pour certains de ces sujets, pourquoi autant de "distance" dans leurs opinions?
Une des réponses que j'ai trouvées lors de mes recherches est l'argent. "Follow the money"... Soyons honnêtes, même pour les plus sceptiques, l'argent a toujours été le nerf de la guerre. Nous savons tous aujourd'hui qu'il n'y avait pas d'armes de destruction massive en Irak lors de la deuxième guerre du Golfe mais bien des puits de pétrole. Pourtant, à l'époque, la fabrication de preuves avait permis une invasion terrestre et la prise de pouvoir sur l'Irak. Peut-on en déduire que l'on a "fabriqué notre ignorance"?
Pour en revenir à aujourd'hui, depuis plusieurs mois nous entendons dire que, par exemple, le masque nous sauve la vie. Or, au début de cette crise, lorsque les stocks étaient à zéro, nous avons toutes et tous entendu que ces mêmes masques ne servaient strictement à rien à l'extérieur ou en magasins, mais qu’ils étaient utiles si portés correctement et en situation de maladie uniquement. Il se trouve qu'aujourd'hui, il est devenu une norme acceptée par tout le monde, alors que beaucoup d'études démontrent son inefficacité en population générale. Nous avons pratiquement tous vu, entendu ou lu des scientifiques nous dire la même chose tandis que d'autres (les scientifiques de plateaux TV avec des liens d'intérêts, selon moi) nous disaient l'inverse. Et si on y regarde bien, ces derniers obtiennent plus d'adhésion. Pourquoi?
Mon ébauche de réponse tient en deux documentaires. Un plus ancien et tiré d'un livre: "La stratégie du choc" de N.Klein (https://imagotv.fr/documentaires/la-strategie-du-choc/film/1) et le deuxième, bien plus récent et vu sur ARTE : "La fabrique d'ignorance" (https://www.arte.tv/fr/videos/091148-000-A/la-fabrique-de-l-ignorance/?fbclid=IwAR3U7MXSfK0ATVQBcacgvLsPJPFmm_XuuqHFn9RgJoscXic40ABXuv89UyU).
Pour les curieux, je ne vais pas dévoiler le contenu de ces reportages. Et pour les autres, non plus: soyez curieux! C'est cette qualité qui, selon moi, fera en sorte d'être des fabriques de savoir, des champs trop longtemps laissés en jachère mais suffisamment rechargés en oligo-éléments pour être cultivables et cultivés, aux deux sens du terme.
Pour conclure, je dirais que l'ignorance est une bonne chose à partir du moment où l'on souhaite la transformer, à l'instar de ses limites physiques que l'on souhaite dépasser. Être ignorant n'est pas une tare, sauf si cela est instrumentalisé. Je ne prétends pas détenir la vérité, encore une fois, mais je pense être sur une des voies qui mènent à moins d'ignorance.

« Dans l'ignorance, on conserve ses certitudes ». J.J.Lattuada

 

Par Perceval


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Perceval

Ma motivation première : La Liberté. Celle de choix, de penser, de critiquer, de ne pas être d'accord, de choisir son traitement, de remettre en question les dirigeants, de vivre simplement.
Je suis un père de famille recomposée, rassemblée où je tente d'instaurer le débat d'idées, la recherche d'informations contradictoires, la curiosité. Je ne suis ni journaliste ni gourou ni prêcheur, je suis simplement un citoyen qui ne veut plus se contenter d'une vérité érigée en dogme non discutable par des personnes qui ne sont plus, à mon avis, en phase avec vous, avec moi, avec NOUS.