Lettre ouverte à Monsieur Frank Vandenbroucke (carte blanche)

Revues de Presse
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"Monsieur le ministre, les infirmier/e/s de soins intensifs et d'urgence sont révoltés et lassés de ne pas être entendu! L'appel de 100 infirmiers-chefs dans 40 hôpitaux."

"En ce 12 mai, journée internationale de l'infirmière, le coeur n'est pas à la fête!"

"Voici plus d'un an que les heures et les jours de boulot s'enchainent dans des conditions déplorables. Depuis le début de votre mandat, vous n'avez pas eu le moindre geste pour notre profession. Pire, vous avez réussi à anéantir le peu de reconnaissance que vous prétendiez avoir pour nous en déléguant nos actes "A des tiers" et en prolongeant la loi du 06 novembre 2020 sans concertation avec la profession."

"Ce manque d'écoute et de reconnaissance de la profession n'est pas nouveau, la pandémie l'a simplement médiatisé."

"Depuis septembre 2018, une nouvelle classification de fonctions (IF-IC) a été mise en place dans les hôpitaux privés du pays. Ce nouveau système a supprimé de facto la prime fédérale octroyée aux infirmiers spécialisés sans aucune compensation. Les étudiants font donc une cinquième année d'étude en Haute Ecole sans valorisation financière ni académique! La pandémie a mis en exergue la difficulté de trouver du personnel qualifié et le gouvernement belge décide d'investir 500 millions d'euros pour financer à 100% ce nouveau système caduc (IF-IC). Pour la prochaine pandémie, le gouvernement belge pourra tenter d'ajouter des lits de soins intensifs mais sans infirmier ce sera peine perdue."

"La pandémie a pourtant mis en avant le rôle clef de l'infirmier spécialisé. En effet, Sciensano a constaté que lorsque nous augmentons le nombre de lits de soins intensifs nous augmentons la mortalité par manque de personnel formé et compétent."

"Selon le Forem, la profession d'infirmier/e/ est désormais en haut du classement des fonctions critiques et métiers en pénurie dans le sud du pays. C'est principalement dû à une carrière incomplète: le personnel quitte après 5 à 10 ans les services de soins intensifs et d'urgence. Cette fuite augmente la charge de travail infirmière qui va ensuite augmenter la volonté de quitter prématurément la profession."

"La surcharge de travail était préexistante avant la pandémie. D'après une étude effectuée par la SIZ Nursing en mai 2019 dans 16 hôpitaux de Fédération Wallonie-Bruxelles, les infirmier/e/s des unités de soins intensifs subissent une charge de travail deux fois supérieure à la norme légale prévue. Pour rappel, selon plusieurs études scientifiques internationales, une charge de travail infirmière excessive augmente les complications et la mortalité des patients. La pandémie a amplifié cette charge de travail, les patients admis pour la maladie COVID-19 nécessitent, en effet, 20% de charge de travail infirmier supplémentaire."

"En tant qu'infirmier/e/s chefs de service, nous vous interpellons sur la nécessité d'une intervention urgente de votre part afin de protéger et soutenir nos équipes fragilisées."

"Monsieur le ministre, sans intervention urgente de votre part cette situation va encore se dégrader dans les mois et années à venir. Une dernière étude réalisée en mai 2020 démontre une prévalence de 68% du risque de burnout chez les infirmières de soins intensifs. L'épuisement se ressent déjà dans nos équipes: les congés de maladie, les démissions et les demandes de réduction de temps de travail se multiplient."

"Enfin, dans certaines hautes écoles, 30% des étudiants en spécialisation ont abandonné leur cursus ces derniers mois."

"Il est plus que temps de réagir et de revaloriser notre profession!"

"Dans ce cadre, nous, infirmier/e/s chefs de service, soutenus par les associations professionnelles AFIU et SIZ Nursing, demandons au plus vite un échéancier pour:"

"• reconnaître et revaloriser financièrement les spécialisations;"

"• revoir les normes d'encadrement infirmier aux soins intensifs et aux urgences, mais également dans tous les services hospitaliers;"

"• élaborer un plan pour lutter contre la pénurie infirmière. Pour rappel, l'Organisation Mondiale de la Santé et le centre d'expertise belge (KCE) demandent d'investir urgemment dans la profession infirmière;"

"• intégrer avec plus d'équité le financement du personnel soignant dans le mode de financement obsolète des hôpitaux belges;"

"• écouter les représentants de notre profession infirmière pour tous changements les concernant. Notamment en réintégrant l'UGIB dans toutes les discussions et projets concernant la profession infirmière."
"Monsieur le ministre, sans réponse de votre part avant le 21 mai, la prochaine action ne sera plus une lettre de courtoisie mais des actions fortes, concertées et médiatisées. Nous avons pris soin sans relâche de nos concitoyens depuis un an de COVID-19; maintenant, nous prenons soin de nous. Nous ne nous laisserons plus faire! Maintenant, prenez soin de nous."

"Signataires de la lettre (ordre de manière aléatoire)"


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