Le vaccin à ARNm altère-t-il oui ou non l’ADN ?

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Le vaccin à ARN messager (ARNm) altère-t-il l’ADN du receveur ? Des chercheurs de l’université suédoise de Lund ont confirmé in vitro la transcription inverse en ADN de l’ARNm contenue dans le vaccin anti-covid BNT162b2/ Corminaty de Pfizer-BioNTech. Toutefois, un article de « décryptage » l’a rapidement réfuté. Alors finalement, qu’en est-il ?

Le 25 février paraissait dans la revue Current issues of molecular biology une étude réalisée par sept chercheurs du Département des Sciences Cliniques de l’Université de Lund en Suède [1], qui démontre, sur base d’une expérience en laboratoire, qu’un traitement à ARNm peut, dans certains cas, effectivement modifier l’ADN des cellules cibles. Les résultats de cette étude semblent donner raison à ceux qui se sont dès le départ opposés par principe à consommer les produits pharmaceutiques dits « vaccins anti-covid », qui sont basés sur une technologie à ARNm innovante mais controversée.

La question interpelle une partie de la population, qui ne veut pas entendre parler d’une éventuelle altération de son ADN par un traitement médical, quels qu’en soient par ailleurs les bénéfices.

L’étude

Aldén et al.[2] expliquent qu’ils ont constaté la transcriptase reverse de l’ARNm en ADN au sein de cellules hépatiques humaine cultivées in vitro. Ceci a été démontré à l’aide de la méthode PCR. Les auteurs confirment que ce processus a lieu assez rapidement, dans les 6 heures, après la mise en contact de la culture cellulaire avec l’ARNm contenue dans le vaccin.

La culture de cellules hépatiques a été choisie à cet effet parce que l’ARNm du vaccin se concentre souvent, après injection, dans les cellules du foie des personnes vaccinées. Cependant, ils précisent bien qu’il s’agit là de la première étude du genre et que d’autres études, in vitro et in vivo, sont nécessaires pour confirmer que ce processus a lieu aussi dans d’autres cellules visées par l’ARNm, telles celles de la rate, de la glande surrénale, des ovaires et des testicules.

Les enjeux

Les auteurs insistent sur le fait qu’il faudrait également d’autres études pour vérifier si ces cellules « transformées » expriment la protéine spike, ce qui aurait des implications cytotoxiques. Ils soulignent aussi qu’aucun rapport, ni sur la génotoxicité, ni sur la carcinogénicité, n’a été fourni dans les études du vaccin de Pfizer. Or, vu la confirmation par une autre étude [3] de la possibilité d’une transcription inverse de l’ARN du sars-cov-2 dans le génome humain et la confirmation par leur étude de la transcription inverse en ADN, le génome viral pourrait risquer de s’intégrer dans le génome humain, ce qui constitue un facteur à risque pour le développement de cancers [4].

Le débunkage ?

Cependant, le 4 mars, le magazine scientifique grand public Sciences & Avenir publiait un article de « décryptage » [5] écrit par la journaliste Coralie Lemke, titulaire d’un master en journalisme avec une spécialisation en radio [6], et lauréate de la bourse Global Health Journalism de la fondation Bill & Melinda Gates en 2018 [17]. Elle prétend démontrer que l’étude des chercheurs suédois… ne démontre rien du tout ! C’est-à-dire que selon le « décryptage » de la journaliste, les résultats de l’étude réalisée par les docteurs en biologie moléculaire de l’Université suédoise sont trop partiels et ne peuvent être généralisés. Alors, qui a raison ?

La relativisation

En analysant l’article de Sciences & Avenir, on se rend compte qu’il s’agit d’une discussion scientifique assez sérieuse de la part de la journaliste, qui relativise, à juste titre, les résultats de l’étude réalisée par les chercheurs de l’Université de Lund. En effet, l’étude démontre seulement une modification de l’ADN dans certaines conditions en laboratoire. Elle ne prouve donc pas de façon certaine que cette modification se produit effectivement en conditions réelles, lors de chaque « vaccination anti-covid ». Il convient donc effectivement de ne pas tirer de conclusions trop hâtives à la lecture de l’étude suédoise.

Cette critique d’un résultat préliminaire est tout à fait normale dans le processus scientifique de recherche de la vérité. Cependant, contrairement à ce que semble suggérer le « décryptage » publié par Sciences & Avenir, relativiser les résultats d’une étude ne clôt pas la question, mais appelle au contraire d’autres recherches pour confirmer ou infirmer les résultats initiaux…

La question

Vu les résultats interpellant obtenus par les chercheurs suédois à propos d’une question qui intéresse au plus haut point une partie des citoyens, ne faudrait-il pas continuer à creuser cette question avec le même sérieux ? Ne serait-ce pas au fabricant de produits pharmaceutiques de soumettre, en toute transparence, son produit à un examen scientifique par des chercheurs indépendants visant à en évaluer les dangers ? N’est-ce pas, en effet, un élément du débat entre ceux qui cherchent à prouver que les effets indésirables existent et ceux qui cherchent à prouver le contraire, duquel peut jaillir la vérité scientifique ?

Le verdict

L’étude suédoise est un début de réponse, certes partiel, à une question légitime d’une partie de la population. L’article de « décryptage » de Sciences & Avenir,quant à lui, sous couvert de jargon scientifique, semble plus chercher à discréditer les interrogations des citoyens et les encourager à consommer un produit commercial, en s’abstenant de répondre aux questions sur son innocuité.

La finalité de la publication de Sciences & Avenir interroge. En effet, de façon pour le moins étrange, celle-ci semble mettre la sacro-sainte « lutte contre l’hésitation vaccinale » au-dessus de la recherche de la vérité scientifique. Mais, avec ce parti-pris, fait-on toujours de la science ? A quel moment devient-elle simplement de la propagande, légitimée par un jargon scientifique ? Enfin, la démarche de Sciences & Avenir part-elle d’une intention de chercher la vérité comme on est en droit de l’attendre d’un « décryptage » ? Ou bien d’autres intérêts font-ils partie de l’équation ?

Finalement la lecture de ce « décryptage » interroge donc plus sur la légitimité, d’un strict point de vue de recherche de la vérité scientifique, du « décryptage » lui-même, plutôt que de l’étude prétendument « décryptée ».

 

Par Colin Meier et Nicolas Mertens, journalistes citoyens chez BAM!


[1] https://www.mdpi.com/1467-3045/44/3/73

[2] https://mdpi-res.com/d_attachment/cimb/cimb-44-00073/article_deploy/cimb-44-00073.pdf

[3] https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/33958444/

[4] https://tkp.at/2022/02/26/studie-bestaetigt-genom-veraenderungen-durch-mrna-impfungen/

[5] https://www.sciencesetavenir.fr/sante/covid-19-non-le-vaccin-pfizer-ne-peut-pas-s-integrer-dans-notre-genome_161929

[6] https://www.sciencesetavenir.fr/auteurs/coralie-lemke_52096

[7] https://www.sciencesetavenir.fr/auteurs/coralie-lemke_52096

Photo:
https://commons.wikimedia.org/

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