La grande Démission…

Les tribunes
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Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas voir…

Les dirigeants du monde tirent nos ficelles. Nos gouvernements belges voient tout. Ils ont tout pour comprendre mais ils ne réagissent pas. Par peur. Par complaisance. Par bêtise. Par opportunisme. Il faudra bientôt choisir en Belle Gique entre pigeons et colombophiles. Pendant ce temps, nos employeurs voient partir leurs ouailles tant en arrivant mal à engager des collabo…rateurs. Notre serpent économique se mord la queue. 

Outre Atlantique, en 2021, environ 47 millions d'Américains ont démissionné de leur poste, soit plus d'un quart de l'emploi salarié du pays. Ce phénomène que les spécialistes du marché du travail appellent "la grande démission" se poursuit cette année, avec encore grosso modo 4 millions de démissions par mois. 

500.000 en France. En Belgique, notre désorganisation ne nous permet pas de chiffrer et l’on fait tellement semblant de ne pas voir. Mais force est de reconnaître que d’épiphénomène, nous sommes passés à une vague qui commence à bouleverser notre économie. 

Tout commence en 2021 en Chine avec le phénomène #tangping. Des travailleurs ne voulaient plus s’exténuer au travail. Ils se couchaient littéralement pour manifester leur désaccord. 

Le télétravail a tué le travail

Dans leur délire covidien, nos autorités ont brisé notre vie grégaire car plus de bureaux, plus d’apéros au café, plus de restaurants, plus de sports, plus de voyages, plus de vie familiale, de fêtes, … Nous étions réduits à une vie monacale face à des écrans à discuter durant des heures avec d’autres zombies parqués eux aussi chez eux. 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le retour sur les lieux de travail a été laborieux. Certaines professions ont connu une érosion spectaculaire d’employés qui face à leur isolement ont pris le temps de se regarder dans un miroir puis shifter. Changer de vie. Le monde de l'horeca avec 100.000 personnes fût à l’image de son confinement le plus impacté. L’événementiel également. 

Revenir au boulot, c’est dépenser de l’argent en déplacement et en crèche à titre d’exemple. C’est être moins disponible pour ses proches. C’est se mettre dans le couloir des futurs « burnoutés ». Et puis arrivent les satanées questions. Pourquoi je fais ce métier ? Est-ce que je suis en phase avec les valeurs de mon entreprise ? Dois-je encore subir cette pression inutile de mes supérieurs que j’ai pris le temps de juger vraiment incompétents ? 

Comme dans notre pays le travail n’est pas récompensé. En clair, être au chômage avec un complément de gains en « schmet » est bien plus rentable, moins stressant et plus agréable. L’état profond « schwabien » laisse planer l’ombre du revenu universel pour exciter les plus habités et surtout nos jeunes. 

#quietquitting

Si vous voulez vous détendre, vous baladez votre souris sur le réseau Tiktok avec le hashtag #quietquitting. Comme cela fait du bien de voir sourire tous ces gens qui claquent leur démission et qui se sentent libérés d’un énorme poids. Leur bonheur, non feint, fait plaisir à voir. C’est la démission silencieuse, sereine et positive. 

Quand on cumule la difficulté d’engager en plus de la grande Démission, cela devient un cauchemar pour les responsables des Ressources Humaines de nos fleurons économiques. Eux aussi se posent des questions et l’effet boule de neige se prolonge… 

Etant donné que celles et ceux qui ont les « cojones » de tout envoyer balader sont effectivement des gens sensés, il ne restera plus dans les sociétés que les mono-couillus mougeons et fidèles aux doxas.

Et chez les politichiants ?

Pas de démission chez nos dirigeants. Pourquoi scieraient-ils la branche sur laquelle ils sont très confortablement assis ? Le « Win for Life » que représente une mission politique assure une fin de vie financièrement aisée. Aucun politicien ne s’est jamais projeté dans un « vis ma vie » empathique pour comprendre ce que nous, la classe moyenne, vivons. Jamais un pardon. Même pas un petit désolé. Tout au plus : « On a fait ce que l’on a pu ». 

Ils nous entretiennent dans la peur pour mieux nous asservir dans les certitudes idiotes. Leurs sentiments d’impunité et d’invincibilité restent présents jusqu’au jour où la population désespérée n’aura tellement plus rien à perdre. Viendra alors le temps des rails, des plumes et du goudron. 

Gouverner, c’est prévoir. Dans prévoir, il y a le verbe voir. Nos politichiants n’ont même plus la clairvoyance de comprendre le présent tant ils sont obnubilés par la protection de leurs acquis et d’obéir aux ordres de leur parti. Ils attendent les prochaines élections mais l’insurrection devrait sévir cet hiver face aux diktats imposés, la non-assistance dans l’explosion des prix, la probable relance d’une campagne vaccinale et d’un confinement. Nos citoyens affamés, frigorifiés, ruinés et désespérés seront dans les rues…

Il est déjà trop tard probablement mais mon indicible positivisme me pousse à croire qu’il est encore temps.

Pietje Schramouille

Clone d’un mec de com. Il survit sur un ersatz de batterie solaire animé par l’instinct de survie. Phénix sauvé de 1984, cet hermaphrodite n’est pas prêt de cesser de faire réfléchir en souriant


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Source photo :
Image recadrée à partir de l'image originale de MichaelJBerlin sur AdobeStock