Qui vous paie, Béatrice Delvaux ?

Tribune
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Cette question, quand on lit l’éditorial de Béatrice Delvaux dans Le Soir du mercredi 8 décembre , on est en droit de se la poser. Cette ode presque lyrique au vaccin intervient à un moment précis, celui où la population belge découvre avec stupeur que les personnes vaccinées attrapent le covid, font des formes graves du covid, transmettent le covid et remplissent les hôpitaux.

On est loin du catalogue publicitaire écrit par De Croo, Vandenbroucke, Pfizer, les experts … et bien relayés par des médias comme Le Soir qui nous prédisaient, il y a un an d’ici, une éradication totale du virus … si nous nous vaccinions tous. Environ 75% de la population est vaccinée et, malgré toutes les campagnes d’opprobre sur les non-vaccinés, doutes et questionnements s’installent …

Marketing de relance oblige, les marchands de vaccins poussent avec l’honteuse vaccination des 5-11 ans. Pour éviter l’effet série 3ième dose, 4ième dose qui commence à poser question même auprès des plus favorables au vaccin, on change le nom : « Booster » … On se rapproche ainsi d’une communication plus proche des marchands d’huile moteur type « Booster les performances de votre moteur ».

Dans cette période troublée où l’on sent que la doxa vaccinale est mise à mal, Madame Delvaux, fidèle à sa ligne, écrit son éditorial du 8 décembre en empruntant un vocabulaire proche de la transcendance en nous présentant le vaccin comme un « miracle ».

Le Soir journal indépendant et laïc ? Faute de rationalité, quittons les travées de la Rue Royale pour nous laisser porter vers l’obscurité de ces lieux de culte du « miracle » comme Beauraing ou Lourdes pour comprendre la pensée de Madame Delvaux.

Le vaccin étant le miracle absolu, 4 autres « miracles » font leur apparition sous la plume de l’éditorialiste du premier quotidien francophone.

« Miracle de la science avant tout » : sans aucune mise en perspective, l’illumination devant la technoscience et les techniques ARNm. Rien sur les performances des vaccins, rien sur ses effets secondaires désastreux, rien sur la pharmacovigilance, rien sur les mensonges de Pfizer notamment sur les essais cliniques, rien des scientifiques de renom qui ne partagent pas cet engouement. Rien !

« Miracle de l’Union Européenne » : « Les investissements financiers massifs de l’UE et des Etats (rappelons qu’il s’agit de notre argent !) ont joué un rôle clé dans la production industrielle ultra-rapide de centaines de millions de doses, leur distribution et leur stockage » (sic). Rien, bien sûr, sur les contrats occultes, la non-responsabilité des États et des laboratoires sur les effets secondaires de ce qui ne sont pas des vaccins mais des substances expérimentales en phase de test.

En plein lyrisme dévot, le « miracle du volontariat » porté par les centres de vaccination gérés « avec chaleur, dévouement et attention » (sic). Pas un mot sur les techniques manipulatoires de ces vaccinodromes, comme les DJ’s pour attirer les jeunes, le refus de donner les numéros de lots pour éviter la pharmacovigilance, ou l’interdiction faite aux médecins de vacciner …

Le dernier miracle de Madame Delvaux, le plus beau, celui qui est certainement
d’intervention divine : le « miracle de l’action publique, la mise au point de la stratégie vaccinale et son implémentation – gratuites – (rappelons qu’il s’agit de notre argent !) sont au crédit des pouvoirs publics » (sic).

Dans ce monde merveilleux, plus proche de Bernadette Soubirous que de Didier Raoult, toute rationalité a disparu. La réalité de la crise covid pour la figure de proue du Soir est circonscrite à la seule (et réussie !) vaccination.

Parce que l’action publique c’est aussi : les médecins de première ligne qui refusent de soigner les patients covid, l’effondrement prévisible de l’hôpital, des soignants à bout, des protocoles de soins absents, une absence de prise en compte de la détresse de la jeunesse, l’école qui ne sait plus assumer ses missions de base, des infractions successives et répétées aux lois du peuple belge par ceux-là mêmes qui doivent les faire respecter … On va s’arrêter là sous peine de casser l’ambiance.

Mais en définitive, la question reste de mise, Madame Delvaux : qui vous paie ?

Votre journal d’un côté, met en exergue ses enquêtes telles « Congo Hold-up » dénonçant à juste titre la corruption du dictateur Kabila. De l’autre, sous votre plume, les louanges sans nuances envers un gouvernement et des pouvoirs publics dont la gestion de la crise est décriée de toute part : manifestations, cartes blanches dans les médias de médecins, juristes, collectifs de parents … Cela vous aura sans doute échappé ?

La corruption des esprits est probablement la pire quand on parle de journalisme.

Le Soir, surtout pour des personnes âgées (rassurons-nous, peu de jeunes vous lisent), demeure à tort un pilier de l’information sérieuse et crédible.

Il ne nous reste qu’à espérer que l’esprit critique des uns et des autres assimile rapidement que l’intelligence et la prise d’opinion attendues d’un « éditorial », s’apparentent aujourd’hui à un vulgaire « publi-reportage ».

 

Par Philippe Davister


*Éditorialiste en chef du quotidien belge francophone Le Soir
https://www.lesoir.be/411121/article/2021-12-08/un-plus-tard-rendons-justice-au-vaccin-il-nest-pas-quune-polemique

Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celle de BAM!

Source photo :
Image recadrée à partir de l'image originale de Baudoin sur flickr, CC BY-NC-ND 2.0