1er avril 2021 : Grand Polo policier au Bois de cambre.

Les tribunes
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Fin d'après-midi ensoleillée. Des centaines de personnes, quelques milliers, environ cinq mille, se retrouvent éparpillées et regroupées dans la grande plaine du bois de la Cambre à Bruxelles pour respirer, échanger, danser, respirer, chanter, crier après un an de régime sanitaire étouffant, enfermant, déprimant. Une véritable petite armée, composée notamment de plusieurs bataillons de policiers, les attend à pied. Les brigades canines, équestres, en autopompes, en petits véhicules blindés et à vélo ont été elles aussi déployées pour l’occasion.

L’ensemble est surplombé par un hélicoptère tournant en cercles continus à quelques centaines de mètres d'altitude avec le bruit caractéristique des pales brassant les masses d'air dans une atmosphère angoissante digne d'une scène mythique du film culte Apocalypse Now. 

Progressivement, les forces de l'ordre dépêchées en nombre impressionnant vont encercler la foule par la tactique de la nasse. Les voilà qui avancent en cohortes rectilignes en martelant leur bouclier avec leur matraque pour intimider et effrayer la population, comme le faisaient les Vikings et les légions romaines, ou encore les guerriers spartiates donnant l'assaut aux troupes troyennes lorsqu'elles engageaient le combat.
Ambiance.
Bienvenue au royaume de Belgique, capitale et cœur de l'UE, dont le parlement approuvera le passeport sanitaire au début de ce mois de juin.
Les scènes violentes qui se sont déroulées pendant des heures ont fait le tour de la toile médiatique en débordant largement des petites frontières belges. Chacun de nous aura été témoin d’au moins l’une d’entre elles.
Comment, dès lors, ne pas éprouver du dégoût, de la colère et un sentiment de révolte face à ces séquences relevant d'une esthétique fasciste obscène et pornographique, qui rappelle quelques régimes disparus et d'autres encore en vie?
Chevaux, bottes, longues matraques, charges équestres, piétons renversés et piétinés, jeunes maintenus au sol par la dangereuse technique du pliage (qui les maintient en position assise, la tête appuyée sur les genoux), puis menottés à l'aide de colsons, arrestations administratives et judiciaires, camions autopompes fonçant dangereusement sur la foule, largage de gaz lacrymogènes, spray au poivre… ce déploiement de force et de violence, je l’ai vécu puisque j’étais au cœur de l'événement.
A plusieurs reprises, on pouvait palper cette tension croissante, qui parfois culminait en hurlements et en cris scandant « liberté, liberté! ». Il y eut aussi quelques mouvements de foule dans lesquels on pouvait voir des jeunes courir et converger vers un endroit où un des leurs était malmené par la police. Il s'en fallut de très peu pour que la situation dégénère dangereusement, objets contondants lancés sur les véhicules de police, échauffourées corporelles, feux de bois.
Violence légitime illégale contre violence légale illégitime de l'Etat.
Et tout ça pour quoi ?
Quelles infractions, quels délits ou quels crimes ont commis ces personnes, jeunes et moins jeunes, qui justifient un tel déploiement de forces de l'ordre et de tels abus de l'usage déplacé et excessif de la force publique ?
C'est dans la réponse que se trouve la gravité des faits du Bois de la Cambre et leur portée symbolique et politique : s'être rassemblés en nombre dans un espace public en plein air pour faire la fête ou tout simplement se détendre, sans avoir respecté les mesures sanitaires, à savoir la distanciation physique entre individus, un mètre cinquante, quatre personnes par groupe et le port du masque obligatoire en plein air, qui est en vigueur depuis des mois à Bruxelles, même dans les espaces verts, voire en pleine forêt.
Dura Lex sed Lex.
Certes, mais de quelle loi parle-t-on ?
D'une loi inexistante pour le moment - car en préparation - puisque l'Etat se voit à présent contraint de la faire voter dans le mois à la suite du récent jugement du tribunal de première instance de Bruxelles. D’une loi qui a pour ambition de rendre légales et conformes à la Constitution toutes les mesures sanitaires prises par arrêtés et au nom desquelles l’écoeurant carrousel policier a pu se dérouler en toute impunité.
En attendant, la chaîne de commandement ignore tout simplement ce vide législatif, et les autorités locales agissent comme bon leur semble.  Le baron local Philippe Close fait ce qu'il lui plaît, et le pouvoir fédéral approuve et collabore en donnant ses ordres à exécuter. Après moi les mouches, s'asseoir sur les fondements de l'Etat de droit semble devenir la norme et un sport fédéral en Belgique. Mais attention, le bourgmestre est juriste et répète sur les ondes officielles qu'il est très attaché à cet Etat de droit et qu'il demande depuis un an déjà qu'une « loi pandémie » soit approuvée par le parlement…vous savez…cette chambre des représentants censée contrôler l'exécutif, qui est en roue libre depuis un an.
Autrement dit, ce qui s'est produit le 1er avril n'est que l'antichambre illégale de ce qui se jouera légalement quand l'Etat se sera mis en conformité  avec la Constitution, après que des juristes avisés et des constitutionnalistes émérites auront pondu leur projet de loi pandémie pour le faire approuver et voter par un parlement godillot aux ordres d'un pouvoir devenu malsain (tiens, bonjour Maître Uyttendael et Maître Delpérée, on se cache dans sa résidence secondaire, on est devenu mutique ?)
Et comme toujours, deux camps s'affrontent : d’un côté, des « covidistes » convaincus qu'en plein air, ces mesures sanitaires sont nécessaires bien qu’elles soient totalement dépourvues de fondement scientifique, (comme démontré à maintes reprises), une légion, qui approuve et plaint la police, et fustige ces jeunes inconscients égoïstes. De l’autre côté, des « complotistes » récalcitrants , qui ne demandent qu'à respirer librement en se baladant ou en faisant la fête  –une activité désormais jugée dangereuse car elle met, paraît-il, la vie d'autrui en danger, alors que les derniers mois ont bien montré qu'aucun de ces événements festifs n'avait donné naissance à un seul "cluster".
La dictature sanitaire n'a jamais aussi bien porté son nom. Ceux qui ne la voient pas ont le regard mutilé et le jugement aboli. La peur et la propagande les ont aliénés, ils sont devenus étrangers à eux-mêmes.

Au nom de la santé et d'un danger traité en urgence absolue, la virocratie biocidaire tourne à présent au fascisme blanc.  Elle s'installera bientôt totalement légalement dans l'indifférence quasi générale et avec l'approbation d'une large majorité consentante.
Après, il ne restera que les ruines d'une société dont la liberté fut jadis le phare et la pierre angulaire. Et les larmes pour pleurer ou la révolte et l'insurrection, au choix.
Lorsque les lois ne respectent plus les libertés fondamentales, elles ne sont ni respectées ni respectables. La loi n’est pas le gibet.
Lorsque le Droit n'est plus au service des êtres humains mais au service de la tyrannie (sanitaire), la démocratie s'évapore dans les vapeurs du totalitarisme sanitaire.

Il est temps de reconquérir nos droits et nos libertés, comme le prescrit notre Constitution.

 

Par Michel Rosenzweig


Les opinions exprimées dans cet article n’engagent que la responsabilité de l’auteur et ne représentent pas nécessairement celle de BAM!

Source photo :
BAM! © Marc-Henri Wouters