Nous avons vu dans l’article précédent que lorsqu’on augmente le nombre de lits de soins intensifs, la mortalité augmente par manque de personnel formé et compétent. Si le personnel soignant est la clé d’une réponse appropriée à une crise sanitaire, ne serait-ce pas là que les efforts d’une politique sanitaire bien pensée devraient se concentrer ? Malheureusement, il semble que ce ne soit pas le cas, même après seize mois de crise.

Les choix politiques concernant les soins de santé ces deux dernières décennies ont influencé la capacité d’un secteur hospitalier en état de saturation chronique à gérer une crise. Lors de la première vague, divers experts se sont ainsi inquiétés de la menace d’une pénurie de lits dans les hôpitaux. Pourtant, les données officielles disponibles n’indiquent pas que ce fut le cas. Pire : rajouter des lits supplémentaires peut même s’avérer contre-productif, voire dangereux.

Qui sont ces experts soi-disant « indépendants » qui trustent les plateaux télévisés et l’espace médiatique mainstream pour disqualifier la critique des mesures sanitaires, voire du bien-fondé de la pandémie, en la traitant systématiquement de « théorie du complot » ? Mon enquête révèle qu’ils se connaissent tous et qu’ils travaillent en réseau, même si ce n’est quasiment jamais mentionné.

Le mercredi 26 mai 2021, je n’ai certainement pas été le seul à regarder en prime time, à 20h18 pour être précis, le reportage d’une heure et demie « Quand le doute vire au complot » de l’équipe d’« Investigation » de la RTBF[1]. Contrairement à la plupart des téléspectateurs, je l’ai principalement visionné sous un autre angle que celui du contenu, qui a créé sans vergogne l’amalgame entre les critiques des mesures sanitaires et des croyances aussi farfelues que les reptiliens et la terre plate, voire l’antisémitisme.

Retour au début de la crise, en mars 2020 : du jour au lendemain, la classe politique découvrait avec étonnement que les services de soins intensifs se débrouillaient avec les moyens du bord depuis plusieurs décennies. Dès ce moment, les médias ont commencé à nous informer quotidiennement sur le taux de saturation des soins de santé, indicateur principal dans la gestion de la crise, sans toutefois aborder les vrais enjeux du secteur hospitalier. En fait, la crise a révélé les difficultés qu’il rencontre depuis plus de 20 ans : sous-financement chronique, manque de personnel, pénibilité du travail, marchandisation des soins de santé, etc. Comment en est-on arrivés à faire porter aux citoyens la responsabilité de cette situation ?

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