BAM! détoxe : Vaccination obligatoire pour les plus de 55 ans et les immunodéprimés ?

Expiré
Bam Detox!
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Lors de l’émission « QR le débat » du 24 novembre, l’animateur Sacha Daout invitait sur son plateau une brochette d’experts et de politiques.

BAM!-DETOX*

Nous ne nous attarderons pas sur le manque d‘impartialité du débat, en particulier dans la manière de traiter les invités en fonction de la conformité de leurs interventions avec ce qui semble être la ligne éditoriale de la chaine.

Nous allons surtout nous concentrer sur les déclarations de Nathan Clumeck, professeur émérite en maladies infectieuses à l’ULB et au CHU Saint-Pierre, pionnier et spécialiste du SIDA.

Reconnaissant que "nous n’avons pas un vaccin qui protège de la transmission, mais bien de la maladie", il défend la vaccination obligatoire ciblée : "aujourd’hui, nous devons protéger les personnes vulnérables, c’est-à-dire les personnes de plus de 55-60 ans et les immunodéprimées. Pour elles, il faudrait une vaccination obligatoire. Et qu’on laisse tranquille les enfants et toute personne pour qui l’avantage de la vaccination n’est pas évident."

Si le principe de la vaccination obligatoire est pour nous discutable, il reconnait que le vaccin ne présente pas un avantage évident pour une grande partie de la population. Sur ce point il rejoint ce que disent de nombreux scientifiques depuis plus d’un an en essuyant souvent de vives critiques, voire des insultes ou menaces dans les pires des cas. On ne peut que s’en réjouir.

Analysons quelques faits et arguments qu’il cite afin de défendre sa position.

9 hospitalisés sur 10 non-vaccinés ?

« il faut savoir que dans les hôpitaux actuellement, 9 malades sur 10 sont des non-vaccinés »

Puisque Covidrationel a déjà fait le calcul nous le reproduisons tel quel  :
Sciensano dans son rapport du 19/11 (p.30): "Au cours de la période du 1er au 14 novembre 2021, un total de 2 839 personnes ont été hospitalisées pour la COVID-19 en Belgique. Parmi elles, 784 n’étaient pas vaccinées, 40 l’étaient partiellement, 1615 l’étaient entièrement et le statut vaccinal n’a pas été rapporté pour 400 d’entre elles."

Le 25/11: 784 / (2839 - 400) = 0.32

=> 3 patients hospitalisés sur 10 sont des non-vaccinés.

Ces chiffres publiés par Covidrationnel sont bien plus cohérents avec l’évolution du nombre d’admissions à l’hôpital par statut vaccinal, par tranche d’âge, illustrés dans ces graphiques extraits du rapport « Hospital epidemiology » de Sciensano .

Les données de Sciensano ne reflètent pas les chiffres de 9 hospitalisés sur 10 annoncés par le Pr Clumeck.

A-t-on évité 14.000 décès en Belgique grâce au vaccin ?

« L’année passée on a eu 20.000 morts en un an et il n’y avait pas de vaccin. Cette année, (…) il y a eu 6.000 morts et on avait le vaccin » 

Le Pr Clumeck semble croire que la diminution de 14.000 décès d’une année à l’autre serait essentiellement due au vaccin. Pourtant il devrait se souvenir que les épidémies finissent toutes naturellement pour atteindre un équilibre endémique .

Nous n’allons pas élaborer sur les raisons de cette évolution, ce qui est important c’est de noter que l’impact sanitaire d’une épidémie s’estompe naturellement avec le temps, que l’on intervienne ou pas (vaccination, mesures non pharmaceutiques, …).

Dès mars 2020, des épidémiologistes avaient d’ailleurs décrit dans des articles cette évolution prévisible et prévue .

Si la vaccination des personnes à risque a probablement favorisé une diminution des complications, des hospitalisations et donc évité des décès, de nombreux autres facteurs se combinent dans le déroulement d’une épidémie. C’est cette combinaison qui explique pourquoi la persistance d’une mortalité importante, similaire aux premiers épisodes épidémiques, n’est pas le comportement attendu (avec ou sans vaccin) : progression de l’immunité (naturelle et/ou vaccinale), suivi précoce des patients, évolution des traitements, évolution du virus, évolution de la population (victimes potentielles survivantes), …

Ajoutons qu’une épidémie ne s’évalue pas en fonction du nombre de personnes infectées, mais en fonction de l’évolution rapide du nombre de malades. Il est fréquent que des pathogènes infectent une proportion importante d’une population sans que cela soit considéré comme une épidémie (virus de l’herpès, adénovirus, …). Il n’est pas rare qu’un virus endogène connaisse des périodes de recrudescence (saisonnière ou pas), tel la grippe ou le RSV.

Chute de la mortalité ?

« Toutes les études montrent que dans le monde, là où il y a eu vaccination, il y a eu chute de la mortalité. »

Nous n’avons pas trouvé les études dont parle le Pr Clumeck, mais le site « Our World in Data » nous donne quelques exemples qui invalident ses propos.

Puisque le Pr Clumeck parle de mortalité, examinons donc l’évolution de celle-ci par le biais de la surmortalité cumulée de quelques pays, depuis le début de la crise et à partir du début de la campagne de vaccination .

Nous voyons que, à part la Belgique (nous y reviendrons plus loin) et la Suède, les autres pays présentent plutôt une stagnation voire un rebond de surmortalité après le début de la vaccination. Israël en particulier affiche deux augmentations de la surmortalité, une après la première campagne de vaccination et la seconde après la campagne booster. Jusqu’à dépasser aujourd’hui en terme de surmortalité cumulée la Belgique, alors qu’Israël affiche un bilan Covid qui parait plus flatteur.

Belgique

Si on se penche sur la mortalité Covid, qui ne représente qu’une partie de la mortalité globale, on voit en Belgique que la baisse avait commencé plus d’un mois avant le début de la vaccination. Certes la vaccination contribue probablement à empêcher que la mortalité de cet automne soit proportionnelle à la reprise des infections. Mais on ne peut pas dire qu’elle ait causé la chute de la mortalité. Pour cela il aurait fallu que la mortalité Covid soit encore élevée et n’ait pas déjà chuté avant le début de la campagne de vaccination. Et ce n’est pas le cas.

Ces quelques exemples montrent que "là où il y a eu vaccination, il y a eu chute de la mortalité" n’est pas une affirmation qui se vérifie. Comme nous l’avons expliqué plus haut, les diminutions ou stagnation de mortalité peuvent s’expliquer également par une évolution cyclique de l’épidémie et par la transition naturelle vers l’endémie. La meilleure théorie est une probable combinaison de facteurs, dans des proportions variables selon les pays.

Vaccination obligatoire pour les plus de 55 ans et les immunodéprimées ?

« Nous devons protéger les personnes vulnérables, c’est-à-dire les personnes de plus de 55-60 ans et les immunodéprimées. Pour elles, il faudrait une vaccination obligatoire »

Les données de surmortalité par tranche d’âge montrent qu’il n’y a pas eu de mortalité anormale en-dessous de 65 ans en 2020. En dessous de cet âge, la vaccination systématique aura un impact très marginal.

Une stratégie basée sur le suivi thérapeutique et les recommandations vaccinales des médecins généralistes, en fonction des facteurs de risques de ses patients, serait plus efficace que de sortir un missile nucléaire pour mettre fin à ce qui s’apparente à un combat de rue. Le Pr Clumeck reconnait d’ailleurs la nécessité d’une stratégie plus ciblée en proposant « qu’on laisse tranquille les enfants et toute personne pour qui l’avantage de la vaccination n’est pas évident ».

En ce qui concerne les plus de 65 ans, qui ont un taux de vaccination supérieur à 92% , on voit difficilement ce que la vaccination obligatoire apportera de décisif.

Sans compter les conclusions de l’étude PICOV et des experts en charge de conclure sur les décès d’une maison de repos en mai 2021 , qui semblent indiquer qu’avoir survécu à une précédente infection joue un rôle prépondérant dans la protection de ces personnes…et la survie à une réinfection. Tout comme on peut s’interroger de l’intérêt d’une dose supplémentaire pour ces personnes, ou pour celles qui ont bénéficié de l’effet booster d’une infection qui aurait suivi la vaccination. Pour rappel, une dose « booster » a pour objectif de raviver l’immunité acquise en mimant une réinfection.

Nous rappelons que les données de sécurité concernant la vaccination des personnes post-infections sont très limitées (tous vaccins et doses confondus), alors que les publications s’accumulent pour montrer que le bénéfice de la vaccination post-infection sont au mieux mineures, comparées à la vaccination des personnes à risque avant infection.

Combien de résidents des maisons de repos – principaux moteurs des complications lors des épisodes épidémiques de « L’année passée (quand) on a eu 20.000 morts en un an et (qu’)il n’y avait pas de vaccin. » - ont été infectés, avant ou après vaccination, depuis mars 2020 ?

Les immunodéprimés ?

Les immunodéprimés sont une cible délicate quand on parle de vaccination. Leur réponse immunitaire est toujours moins performante (quand elle n’est pas empêchée par les traitements prescrits). Et il semble que ces vaccins ne produisent pas dans cette population les effets escomptés. Le suivi précoce et l’utilisation de traitements semble être une voie plus prometteuse. En attendant que d’autres vaccins démontrent une efficacité plus adéquate pour ces profils particuliers.

Conclusion

Si nous nous réjouissons que le Pr Clumeck prône une stratégie ciblée en fonction des bénéfices et des risques individuels, il faudrait commencer par présenter une image plus objective des risques et des bénéfices pour chacun. En ce qui concerne l’obligation, s’il reconnaît que la vaccination permet essentiellement de se protéger sans protéger les autres, il devrait admettre que cela reste un choix personnel, en particulier quand les risques ne sont pas complètement évalués.

Pour parler d’obligation, il faut pouvoir démontrer un réel bénéfice. Il faut aussi pouvoir définir selon quel schéma et avec quels vaccins ce bénéfice pourra être considéré suffisant pour compenser les risques. Et à ce stade, il reste encore trop de questions sans réponse pour pouvoir prétendre défendre cette vaccination sur base d’autre chose que des opinions ou des croyances.

 

Par BAM!-DETOX


https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/?term=nathan+clumeck&filter=years.2016-2016&sort=pubdate&sort_order=asc

https://youtu.be/TvzHC18Ca3w

https://www.facebook.com/covidrationnel/posts/208642108089519

https://www.md-universal.eu/images/COVID-19_Hospital_epidemiology_Part_1.pdf

https://www.rtbf.be/info/dossier/epidemie-de-coronavirus/

Illustration de la dynamique d’évolution d’une maladie émergente, adaptée sur base des principes de Goldbeter A. (2018). Dissipative structures in biological systems: bistability, oscillations, spatial patterns and waves. Phil. Trans. R. Soc. A 376: 20170376. http://dx.doi.org/10.1098/rsta.2017.0376

https://www.washingtonpost.com/outlook/

https://www.rtbf.be/info/dossier/epidemie-de-coronavirus/

https://ourworldindata.org/explorers/coronavirus-data-explorer

https://www.rtbf.be/info/dossier/epidemie-de-coronavirus/

https://statbel.fgov.be/fr/propos-de-statbel/que-faisons-nous/visualisations/mortalite

https://datastudio.google.com/embed/u/0/reporting/c14a5cfc-cab7-4812-848c-0369173148ab/page/hOMwB

https://www.sciensano.be/fr/coin-presse/

https://www.dhnet.be/regions/brabant/enquete-sur-les-douze-residents-vaccines-decedes-du-covid-au-home

https://www.md-universal.eu/images/COVID-19_Surveillance_MR_MRS.pdf

* BAM!-DETOX rassemble des professeurs d’université, des médecins, des personnes travaillant dans le domaine pharmaceutique et médical ainsi que des journalistes indépendants. BAM!-DETOX a pour objectif d’analyser et de vérifier les informations diffusées dans les médias et les réseaux sociaux.

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