Les employés d’IBM se rebiffent contre l’obligation vaccinale

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Un groupe de 900 employés d’IBM aux États-Unis, non-vaccinés et vaccinés, brave une injonction interne à se faire vacciner sous peine de perdre leur emploi. Tout est parti d’un décret – aujourd’hui invalidé par la justice – du Président Biden, obligeant à la vaccination du personnel des fournisseurs des marchés publics. IBM n’est aujourd’hui plus tenu d’obliger ses employés à se faire vacciner, mais persiste dans ce sens. Le bras de fer est engagé.

En septembre 2021, le président américain Biden a émis un décret qui exige que tous les contractants et sous-traitants fédéraux soient vaccinés contre le covid avant une date limite (reportée de la date initiale du 8 décembre 2021 au début février 2022 grâce aux actions en justice de divers groupes professionnels et citoyens).

IBM se plie au décret présidentiel

En octobre, le PDG d’IBM Arvind Krishna a annoncé que tout employé américain de la société devait se faire vacciner contre le SARS-CoV-2 (covid -19) pour garder son emploi chez IBM. Et ce pour qu'IBM puisse conserver ses contrats fédéraux. Décidant qu'il serait trop difficile de trier les personnes travaillant sur un contrat fédéral de celles qui ne le font pas, IBM a exigé que l'ensemble de son personnel américain soit vacciné contre le covid avant la date limite.

De plus, la politique vaccinale de IBM inclut la divulgation du statut vaccinal anticovid de ses employés américains et la transmission d'une “validation vaccinale” (une forme de carte de vaccination) à un service tiers. Si certains employés d'IBM ne souhaitent pas recevoir un vaccin anticovid, ils doivent demander une exception religieuse et/ou médicale. Ce qui, selon eux, n’est pas une solution non plus puisqu’ils se plieraient toujours à la politique vaccinale mise en place aux Etats-Unis.

Tous ceux qui ne téléchargent pas la validation vaccinale ou n'ont pas reçu une exception approuvée seront mis en congé sans solde. Cet ultimatum fut institué contrairement aux propos d'Arvind Krishna qui, en mai, garantissait qu'IBM « ne rendrait pas le vaccin obligatoire ».

Le décret est invalidé

En décembre 2021, le tribunal du district sud de Georgie a placé une injonction sur l'ordre de Biden. IBM n'est donc plus légalement tenue de le respecter pour le moment. Cependant, en tant qu'entreprise privée, IBM décide de poursuivre sa politique d’obligation vaccinale.

La suspension temporaire de l’ordre exécutif n'est pas une solution non plus. Des centaines d’employés américain du géant informatique se sont organisés en un comité d’action - Against Federal Mandates (Contre l’obligation vaccinale fédérale) - pour s’opposer à cet ordre exécutif jusqu'à ce qu'il soit supprimé dans son intégralité et qu'il ne puisse plus être poursuivi ni repris.

Le groupe a adressé une lettre ouverte au PDG Arvind Krishna et aux plus hauts niveaux de gestion chez IBM. Parmi les plus de 600 signataires figurent des directeurs de programme, responsables de projets, cadres IBM, ingénieurs de logiciels, avocats de brevets, des actionnaires, du personnel financier, du personnel d’assistance technique, et toute une série d'autres fonctions qui représentent presque tous les niveaux d’IBM. La lettre a été rejetée tout comme les questions que le comité a adressées à la direction par la suite. Même un actionnaire membre du comité d'action qui a soumis la lettre au conseil d'administration d'IBM n’a pas obtenu de réaction.

Question de loyauté

Dans la lettre, le groupe a énoncé ses principes. Tout d’abord, le choix personnel. Étant tous nés avec des droits fondamentaux, le plus important est la liberté de choix personnel. Les employés tant vaccinés que les non-vaccinés pensent que personne ne devrait être contraint à recevoir un vaccin anticovid ni à divulguer ses données médicales privées sous menace de perdre son emploi.

Ensuite, une valeur motrice du succès est la cohésion entre les employés IBM. Depuis plus d'un siècle, IBM se voue au respect de ses employés, les traitant comme une famille. La décision de remplacer la loyauté à ses employés par l'obéissance aux termes des contrats fédéraux est en contradiction avec ces valeurs et entame cette cohésion. Elle crée aussi un dangereux précédent pour les administrations fédérales futures.

Enfin, cet ultimatum contredit les préceptes énoncés par la politique de diversité et d'intégration (D&I) chez IBM. En cataloguant les employés sur base de leur statut vaccinal, IBM a séparé ses employés en catégories, et en discrimine une en leur imposant d'agir contre leur conscience afin de garder leur emploi.

Erreur historique ?

Justin Albano, ingénieur en logiciel et fondateur du comité d’action Against Federal Mandates, regrette qu’IBM s’appuie sur l’ultimatum imposé par l’ordre exécutif – pour l’instant suspendu – obligeant ses employés à accepter le vaccin contre le covid plutôt que de profiter de cette ouverture pour les consulter sur la question. Bien qu’on pourrait s’attendre à cette position d’une telle multinationale, IBM rate une occasion de montrer un autre exemple en suspendant elle aussi sa politique d’obligation. Bien plus : elle a l’occasion d’éviter une erreur historique qu’elle a bien réussi à balayer sous le tapis.

Pour ceux qui connaissent un peu l’histoire de ce géant de l’informatique, le passé d’IBM n’a pas été que glorieux. Dans son effort d’identifier et d’isoler les Juifs et les Roms du reste de la population, le 3e Reich a eu recours à la technologie et aux cartes fournies par les filiales allemandes d’IBM, filiales qu’IBM détenait à 90%. En attribuant à ses propres employés une carte vaccinale, une ombre de déjà vu plane.

Le comité d’action se pose aussi des questions sur d’éventuels conflits d’intérêts. Seul trois vaccins anticovid ont été approuvés au Etats-Unis par les Center for Disease Control (CDC – Autorités de santé régionales) : Pfizer-BioNTech, Moderna, et Johnson & Johnson de Janssen. Tous trois sont cotés en bourse. Est-ce que ceux qui imposent l’ultimatum vaccinal chez IBM – depuis la direction jusqu’aux cadres en passant par les membres du conseil d’administration – ont fait connaître leurs implications dans ces entreprises ? Est-ce que le IBM Digital Health Pass constitue lui aussi un conflit d'intérêt si ce n’est dans sa fabrication et sa mise en place mêmes ?

Les vaccins covid n'ont été approuvés par la Food & Drug Administration (FDA) que dans le cadre d'une autorisation d'utilisation d'urgence (ETS – Emergency Temporary Standard). IBM assumera-t-elle la responsabilité vis-à-vis de tous ses employés qui reçoivent ces vaccins, à garantir leur emploi s’ils souffrent de troubles, ou meurent, ou sont autrement incapables de travailler en raison des effets secondaires de leur vaccination anticovid ?

Toutes les tentatives de règlement interne des griefs des employés ont échoué. Fin décembre, un courriel a été adressé au médecin en chef d’IBM. Sans réponse.

La rébellion s’étend

Le comité d’action fait partie d’un groupe d’opposition qui compte aujourd’hui 900 membres, non-vaccinés et vaccinés soudés contre cet ultimatum qu’ils tiennent pour immoral. Parallèlement, des employés de Google, de The Vanguard Group, de The Coles Groups, et de nombreux autres ont également adressé une pétition à leurs employeurs pour qu'ils suppriment les ultimatums sur le vaccin covid -19. Au cours des dernières semaines, l'opposition des États et des organisations juridiques a de plus en plus démontré que cet ordre exécutif et d’autres mesures, dont la fragile base juridique qui sous-tend cet ordre exécutif, sont illégaux.

IBM est un géant, mais il n’aura peut-être pas le dernier mot.

 

Par Katiouchka, correspondante de BAM! aux États-Unis


https://againstfederalmandates.com/

https://againstfederalmandates.com/documents/openletter/ & https://www.newswire.com/news/ibm-employees-release-open-letter-questioning-companys-vaccine-mandate-21572583

- Georgia v. Biden, et al, qui accorde une injonction contre l'EO 14042 dans tout le pays.

- Commonwealth of Kentucky, et al, v. Joseph R. Biden, qui accorde une injonction préliminaire pour l'EO 14042 (le "mandat des entrepreneurs fédéraux") pour les travailleurs du Kentucky, de l'Ohio et du Tennessee.
- State of Louisiana, et al. v. Xavier Becerra, et al. qui accorde une injonction préliminaire pour le mandat des U.S. Centers for Medicare and Medicaid Services (CMS) (le "mandat des travailleurs de la santé").
- BST Holdings, L.L.C. ; et al. v. Occupational Safety and Health Administration, United States Department of Labor ; et al. qui suspend la norme temporaire d'urgence (ETS) de l'OSHA (le "mandat OSHA").
- L'État du Texas v. Joseph R. Biden, et al, qui demande une ordonnance restrictive temporaire et une injonction préliminaire pour l'EO 14042.
- State of Florida v. Bill Nelson, et al. qui demande une injonction préliminaire et permanente pour l'EO 14042.
- US Freedom Flyers v. The United States of America ; Joseph R. Biden, Jr ; et al. qui demande une injonction contre l'EO 14042 au nom des travailleurs du transport.

Source photo:
https://www.flickr.com/photos/opengridscheduler/22848635441/in/photolist-AP4ehn-AcpWPK-AcpZFg-py2ej9-2kUtNam-Qqrf9g-4ynD9z-dBHzKT-dBNZvo-dBNZmw-dBNZHN-KQQwN2-dBHzXR-rokRhy-RqFcYh-2hxNbsL-81vFU4-2mRi8Ga-2kUnX1y-E625nP-hQuJQJ-2mLbYWh-2kyHg8m-E624aD-5qcRK3-22EmAcm-E624pM-MYRP2d-22EmBvd-E624Zz-E624W8-E624MF-E624Dz-22EmBHs-22EmC35-E624QM-E625cD-22EmCW9-22EmCmw-22EmCxU-adxvyR-E6259x-fqCRYw-E625jx-E625ex-2jCa3F6-2mEF2TZ-i3gkx-2iXeBv6-GKmu9i/